Révolue et finie l’époque de « wlaw ly », « Ya lala laaroussa » et de « Kif rayi hamelni » qui ont bercé et fait trémousser des générations ? Désormais, c’est le « Way way » qui fait une fulgurante irruption dans les fêtes et fait partout sensation.
Le « Way Way » vient faire de l’ombre au « Ey Ey » du célèbre Rafik Chikha, et lui ravir la vedette sans que personne y prenne garde ou se rende compte. A Alger, ses environs et l’intérieur du pays, tout le monde s’y met. Chez les disquaires de la capitale, la saison fait sensation. Le « Way Way » est classé tube de l’été 2014. C’est même devenu un phénomène de société. Au moindre geste ou à la moindre interrogation ou discussion, de vive voix ou au téléphone, l’émetteur ou le récepteur évoque le « Way Way » sans aucune raison. C’est devenu, en quelque temps, un mode d’emploi et de communication pour exprimer une quelconque volonté ou remarque tant en bien qu’en mal. Tout a commencé avec la chanson de raï rendue célèbre par Cheb Mohammed Benchenet, un jeune chanteur en herbe. Originaire d’Oran, celui-ci est montée en puissance après sa fameuse chanson dont les mots sont ordinaires et parfois insensés comme « Tartag chaari wa aala sahbi » ayant pour refrain « Way Way Way Way Way ». Selon un disquaire près de la Grande-Poste, à Alger, « cela dure depuis le printemps dernier ». Depuis, la chanson est téléchargée sur Youtube et est partagée sur pratiquement tous les réseaux sociaux, y compris sur Facebook où des pages lui ont été carrément dédiées, voire consacrées, vulgarisant ainsi ce nouveau « lexique ». C’est dire aussi que le rythme de cette chanson la plus écoutée en ces temps est volontairement festif et joyeux. Evoquant l’argent, les veillées, les filles et les interminables chagrins d’amour, l’interprète du « Way Way » n’est autre que le fils du célèbre Houari Benchenet. Il a abordé des thèmes de société qui touchent directement les jeunes Algériens en mal d’amour et d’argent.
La nouvelle danse
Dans les night-clubs ou dans les fêtes de mariage, il est impératif désormais de chanter le « Way Way » et de danser aussi sur le « Ey Ey ». C’est juste devenu tendance. Femmes et enfants, jeunes et moins jeunes, en redemandent . A peine le disc-joker ait lancé la cadence et voilà que la piste de danse est prise d’assaut. « Le Way Way Ey Ey Stick Stick » est la nouvelle danse des Algériens. Ils gesticulent et font des mouvements plutôt comiques et des signes de la tête avec les doigts sur le nez ou l’oreille. C’est tout le corps qui se plie chez les plus souples. Tout ce qui a de plus étrange suscitant tantôt l’étonnement, tantôt l’admiration. A se demander, d’ailleurs, qu’est-il resté du beau déhanchement, des épaules en mouvement sous les rythmes « berwali » et de la main posée sur le cœur pour exprimer l’amour ou un simple état d’âme. Cette nouvelle vague est juste « étrange » à nos mœurs et traditions. Le « Way Way » qui s’est imposé reste toutefois inclassable. L’essentiel est qu’il soit compris par nos jeunes. Une manière bien à eux d’exprimer, peut-être, à travers ces chants et ces rythmes un peu saugrenus pour les « anciens », une désespérance qui se voit joyeuse.
Rym Harhoura