«C’est terminé pour eux…», résume-t-on la portée de cette marche historique.
Un tsunami humain s’est déversé, hier, sur Alger. On n’a jamais vu autant de monde à Alger. C’est une marée humaine inédite et jamais égalée, que ce soit avant ou après 2001, date de l’interdiction des marches à Alger par décret présidentiel, indique-t-on. «Cette marche est plus que millionième», commentent certains observateurs. «C’est terminé pour eux…», «Game Over», résume-t-on la portée, de cette marche historique. Ceux qui ont hésité à descendre dans la rue le 22 février dernier l’ont fait hier. Aux alentours de 14h, les milliers de policiers en uniforme et en civil ainsi que les forces antiémeute déployés sur les lieux, sont vite débordés par les processions incessantes de manifestants qui arrivaient par toutes les ruelles en renfort. A l’ heure où nous mettions sous presse, les manifestants poursuivaient leur marche sur la présidence de la République et le Palais du gouvernement, tandis que d’autres continuaient d’arriver à Alger-Centre depuis les localités périphériques.
Tout au long de l’itinéraire, allant de la place du 1er Mai vers la place des Martyrs, en passant par la place Audin et la Grande Poste, les manifestants ont fait preuve de créativité et de sérénité surprenantes. Une pancarte dans la main gauche et une rose dans l’autre est la superbe image offerte hier par les manifestants et manifestantes tandis que deux hélicoptères de la police et de la gendarmerie survolaient la capitale.
Face à l’usage des gaz lacrymogènes, les manifestants scandant «pacifique-pacifique», contournent le mur des forces antiémeute, qui tentaient de les repousser et les bousculer, et parfois reculent pour éviter l’affrontement. C’est dire à quel point cette marche est marquée par un caractère hautement pacifique. Dans ce qui ressemble à une mise en demeure et carton rouge brandi à la face du système, les manifestants scandaient particulièrement «non au cinquième mandat», Répondant à Ahmed Ouyahia, ils scandaient «l’Algérie n’est pas la Syrie», «Regarde la civilisation». Pas seulement, ils scandaient en cadence aussi: «FLN dégage», «Vous avez épuisé toutes les richesses du pays», «l’Algérie est une République pas un royaume», «les Algériens, les Algériens», «One two Three, viva l’ Algérie», Il faut dire que cette marche a convoqué tous les partis, même ceux qui ont été jusque-là totalement effacés, ou ayant opté pour le cinquième mandat en faveur du chef de l’ Etat à l’image de Moussa Touati. Tous les leaders politiques de l’opposition, les responsables syndicaux, sans exception, ont pris part à cette marche grandiose et historique. Tous les âges, toutes les catégories de citoyens ont pris part à la marche. Même les cols blancs, ont été de la partie. «Cette marche est l’incarnation d’une Algérie debout, d’une Algérie qui rêve et croit à son rêve», estime un émigré algérien en France, qui affirme venir avec trois autres personnes depuis Paris pour prendre part à la marche.
