On l’appelle le Sorcier blanc, il a bourlingué aux quatre coins de la planète. Philippe Troussier, c’est de lui qu’il s’agit, ne sera pas le prochain sélectionneur d’Algérie.
Donné pour partant dans la première liste des cinq entraîneurs retenus par la commission Mecherara, voilà que Troussier dément avoir déposé son CV. Actuellement entraîneur en Chine, le Sorcier blanc dit ne pas pouvoir répondre par l’affirmative aujourd’hui. Pour ce qui est de sa candidature, il est formel : «Je n’ai pas déposé mon CV, comment pourrais-je être retenu alors ! Je crois que c’est la fédération qui a dû tenter de me sonder pour voir si je pouvais répondre dans l’urgence.»
– M. Troussier, vous êtes un des cinq candidats au poste de sélectionneur de l’équipe d’Algérie, quel commentaire faites-vous à ce sujet ?
– A la bonne heure ! Voilà qui est bien. Je dois tout d’abord vous dire que j’ai pris connaissance de cette information. Je suis vraiment étonné d’apprendre que mon dossier a été retenu parmi les cinq candidats au poste de sélectionneur.
J’ai été vraiment surpris de voir mon nom figurer sur cette liste pour la plus simple raison que je n’ai pas déposé de dossier. Alors, je ne comprends pas comment a-t-on pu le retenir et sur la base de quoi ? Sachez monsieur, qu’en ce moment, je suis sur le point designer une prolongation de contrat avec le club chinois Shanzin. Je n’ai pas déposé mon CV auprès de la fédération de votre pays, et là, je défis quiconque de prouver le contraire.
– Et pourtant, votre nom a été cité par pratiquement toute la presse algérienne, y compris par l’agence officielle. Comment expliquez-vous cela ?
– Je n’ai pas de réponse exacte à cent pour cent, mais je pense que la fédération a dû balancer mon nom dans la presse pour voir si je pourrais répondre dans l’urgence. Parce que là, il y a urgence et un match le12 août, je crois. Donc, la Fédération algérienne a dû donner mon nom pour voir si je répondrais dans l’urgence. C’est à mon sens comme ça que les choses se sont déroulées.
– Une précision M. Troussier. La fédération n’a pas donné de nom, c’est la presse dans son ensemble et l’agence officielle…
– Oui, s’il y a eu mon nom partout, c’est que quelque part il y a eu fuite organisée, on va dire. Moi, j’ai déjà été contacté par le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, il y a de cela quelques jours, au lendemain de la démission du sélectionneur et je lui ai répondu par la négative du fait que je suis déjà engagé dans un projet avec mon club en Chine. Vous comprendrez que je ne peux pas faire faux bond à mon club employeur, sachant que pour la sélection algérienne, il y a quand même urgence.
Donc, compte tenu de mon engagement, je ne me voyais pas laisser tomber mon projet par respect au club chinois. Alors, dans ce contexte, je pense que mon nom est sorti afin de voir si depuis j’allais réagir. Cette stratégie des appels d’offres est une très bonne chose, mais vous conviendrez qu’elle s’adresse surtout aux entraîneurs qui sont sans travail ou qui en cherchent. Ce qui n’est pas mon cas, vous le savez bien, du fait que j’ai déjà un club et un projet à entre prendre. Voilà, je pense que c’est comme ça.
– Est-il possible qu’un de vos agents ou managers s’est permis de le faire à votre insu ?
– Alors là, non pas du tout. Je vous rassure que ce n’est certainement pas ça en tout cas, parce que personne d’autre ne peut se permettre de le faire sans mon approbation. De ce côté là, je vous rassure que ce n’est jamais ça. – Compte tenu de ce que vous nous dites, on peut dire donc que M. Troussier n’est plus dans la liste des cinq…
– Absolument, c’est le cas de le dire, parce que je vais envoyer demain matin (entretien réalisé hier dans l’après-midi, ndlr) un fax dans lequel je vais m’expliquer sur le sujet. Même si je n’ai pas déposé de CV, je vais quand même m’excuser une fois de plus pour dire que je ne suis pas preneur.
– Si vous n’aviez pas eu ce projet avec votre équipe chinoise, est-ce que vous auriez répondu par l’affirmative à la demande du président Raouraoua ?
– Si le président Raouraoua m’avait donné un peu de temps jusqu’au mois d’octobre, j’aurais dit oui c’est sûr, mais là, ce n’est pas le cas. On me demande de venir dans l’urgence, et ma foi, je ne peux pas. Cela étant dit, oui je serai venu en Algérie, et prendre en main la sélection nationale algérienne est un honneur pour moi et pour beaucoup d’entraîneurs.
– Vous avez certainement vu le match Maroc-Algérie. Qu’est-ce que vous en pensez ?
– C’était juste un faux pas et rien d’autre qu’un faux pas. Ce sont des choses qui arrivent à toutes les équipes.
– Est-ce que vous pensez que les chances de qualification de l’Algérie s’amenuisent davantage ?
– Je ne le pense pas, non. Je crois qu’il y a quand même une chance et il faut la jouer à fond. C’est une qualification en forme de championnat. Aujourd’hui, c’est que vous n’êtes pas au mieux de votre forme, demain peut-être que ce sera au tour des autres, qui sait ? Il ne faut surtout pas abdiquer et faire le maximum dans les matches à venir, surtout que l’équipe algérienne renferme en son sein de bons joueurs capables de rebondir dans la prochaine journée.
– Revenons au futur sélectionneur. La liste des entraîneurs qui sont cités comporte désormais quatre noms, puisque vous dites que vous n’y figurez pas. Il reste donc MM.Pekerman, Halilhodzic,Klinsmann et Dunga. Vous qui êtes spécialiste du football africain, selon vous, qui est celui qui conviendrait le mieux pour l’équipe d’Algérie ?
– Votre équipe est formée à hauteur de quatre-vingt-dix pour cent de joueurs issus de l’immigration, il faut donc quelqu’un qui maîtrise parfaitement le français qui puisse leur transmettre ses messages. C’est à mon sens un atout non négligeable et celui qui parle le mieux le français, c’est à mon sens Jürgen Klinsmann. Parmi les quatre noms que vous venez de me citer, je crois que Klinsmann répond le mieux au profil recherché par votre fédération. Il est jeune et a de la compétence. En plus, il n’a pas de problème de communication. Moi, je le vois bien sélectionneur de l’Algérie en tout cas. Mais cela n’est qu’un avis personnel, que l’on s’entende bien.
A. D.