Troubles schizophrènes et bipolaires: Introduction de nouvelles techniques de soins en Algérie

Troubles schizophrènes et bipolaires: Introduction de nouvelles techniques de soins en Algérie

Une session de formation de deux jours au profit des 24 services de psychiatrie du territoire national a démarré vendredi, à l’hôtel AZ de Palm Beach Alger. Encadrée par le département universitaire de psychiatrie de Caen, cette  initiative a pour objectif d’arriver à l’application de nouvelles techniques d’évaluation et de soins sur des patients bipolaires et schizophrènes.

Le pays compte officiellement 400 000 bipolaires et autant de schizophrènes qui reçoivent actuellement uniquement des traitements médicamenteux. Les spécialistes estiment qu’il y a un chiffre noir, de loin plus important. On parle de plus de 3 millions d’Algériens atteints de schizophrénie. Dans le monde, en moyenne 1% de la population souffre de troubles schizophréniques. Ce chiffre est universel, sous toutes les latitudes et tous les contextes.

“Il est évident que ce taux de 1% est largement dépassé en Algérie au regard du cumul des facteurs déclenchant et tant le traitement n’est pas systématique. Le pays connaissant constamment de graves événements anxiogènes, les citoyens ont tendance à être d’autant plus fragilisés et ainsi exposés aux troubles”, pense un psychiatre venu mettre à jour ses connaissances.

La maladie débute chez le jeune adulte entre 16 et 25 ans. L’Organisation mondiale de la santé classe la schizophrénie dans le groupe des dix pathologies qui entraînent le plus d’invalidité.

La remédiation cognitive que compte mettre en place l’équipe française en Algérie vise à restaurer, à renforcer, à compenser les capacités cognitives altérées et, de manière indirecte, contribuer à améliorer l’autonomie des patients et leur fonctionnement socioprofessionnel, explique le professeur Laurent Lecadreur.

“Ces nouvelles techniques ont été créées il y a dix ans et ne sont pas disponibles partout dans le monde. En tout cas en Algérie, ce n’est pas  énormément utilisé. Nous pensons que les traitements médicamenteux sont responsables à hauteur de 40% du rétablissement du malade, les 60% restants relèvent d’autres techniques qu’il faut généraliser parce qu’elles permettent une plus grande réinsertion sociale”, ajoute le  professeur Laurent Lecadreur.

Le trouble cognitif est un ensemble de symptômes incluant des troubles de la mémoire, de la perception, de la concentration, un ralentissement de la pensée et des difficultés à résoudre les problèmes les plus simples de la vie quotidienne.

La remédiation cognitive utilise justement des techniques conçues pour améliorer le fonctionnement des individus dont les fonctions cognitives telles que l’attention, la mémoire, le langage, les capacités visuo-spatiales et les fonctions exécutives ont été altérées suite à un traumatisme ou une pathologie. On peut ainsi arriver à stabiliser la maladie sans la guérir. Mais c’est déjà un gain énorme, car à un stade avancé de la schizophrénie, les patients n’ont plus de rapports normaux avec leur entourage. Dans les cas gravissimes, il y a même un risque de suicide.

Le directeur général du laboratoire Abdi Ibrahim Remede Pharma (AIRP), qui organise ces cycles de formation qui vont durer jusqu’à la fin de l’année en cours, indique que ce programme a donné “d’excellents résultats dans certains pays surtout en France, pays qui a été choisi pour introduire et encadrer ces nouvelles techniques en Algérie”. Selon lui, les résultats “seront mesurables rapidement” et permettront “une meilleure qualité de vie et réinsertion sociale et professionnelle des patients. Actuellement, les schizophrènes ne travaillent pas, ne cotisent pas, sont isolés dans leurs familles et coûtent énormément cher à la Sécurité sociale”.