troubles mentaux chez l’élève,Les ravages du terrorisme et du système éducatif

troubles mentaux chez l’élève,Les ravages du terrorisme et du système éducatif

La décennie noire et la réforme scolaire sont considérées comme les principales causes de la dégradation de la santé mentale des élèves scolarisés en Algérie, c’est là un constat criant établi lors d’un colloque international organisé les 27 et 28 février derniers à l’auditorium du campus Hasnaoua de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou.

Le constat est loin d’être celui de syndicalistes ou d’enseignants. C’est plutôt celui d’universitaires experts en la matière qui sont allés jusqu’à qualifier l’état général de la santé mentale des élèves d’alarmant.



Un bon nombre de ces spécialistes, qui se sont succédé au micro pour aborder la problématique de la santé mentale des élèves, sous ses multiples facettes notamment psychologiques et sociales, étaient quasi unanimes à conclure que “la santé mentale dans le milieu scolaire est fortement perturbée” et que le terrorisme et les réformes scolaires lancées ces dernières années sont à l’origine de l’échec scolaire de nombreux élèves. “La décennie noire du terrorisme, les catastrophes naturelles vécues, les mutations sociales et économiques auxquelles s’ajoutent les réformes éducatives, qui ont ajouté un lourd tribu à l’exercice journalier des acteurs de l’éducation, ont profondément influé sur la santé mentale des élèves”, a d’ailleurs expliqué à ce sujet, F. Z. Boukerma, docteur enseignante à la faculté des sciences humaines à l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou.

Pour les intervenants, la charge des programmes d’enseignement et la mauvaise répartition du volume horaire n’affectent pas moins la santé mentale d’un élève qu’un choc émotionnel dû au terrorisme ou à une catastrophe naturelle. Après ce constat, plusieurs participants au colloque se sont attelés à présenter, chacun dans sa spécialité, des études de cas portant sur ces phénomènes qui ont laissé leurs empreintes sur la société algérienne en général et sur les élèves scolarisés en particulier.

Si certains des conférenciers s’accordaient à reconnaître qu’en l’état actuel, la santé mentale scolaire est considérée comme un problème de santé publique dans le monde, bon nombre d’entre eux jugent qu’en Algérie, il y a vraiment lieu de tirer la sonnette d’alarme tant, estiment-ils, la situation est plus catastrophique encore. C’est pour agir efficacement que le docteur F. Z. Boukerma n’a pas cessé de plaider pour la mise en place d’équipes de chercheurs pluridisciplinaires composées non seulement de psychologues comme par le passé, mais aussi de médecins, d’enseignants et de conseillers pédagogiques qui auront pour charge d’élaborer des études approfondies sur tous les aspects et contours de la santé mentale des élèves.

C’est d’ailleurs dans ce sens que les participants au colloque ont tenté, chacun dans sa discipline, de décortiquer la situation des enfants scolarisés suivant une approche qui prend en compte une multitude de facteurs psychologiques, sociaux et économiques de l’enfant et de son environnement familial. “Les recherches effectuées ont démontré que parmi les affections dépistées, il y a des troubles d’anxiété et d’hystérie, des tentatives de suicide des déficiences mentales victimes de la violence dans le milieu scolaire, des troubles de langage et des difficultés d’apprentissage, des enfants et des adolescents versent également dans la toxicomanie et l’alcoolisme”, explique la spécialiste F. Z. Boukerma, déplorant que “des souffrances en la matière ont été identifiées. Il y a un manque de prise en charge. Les équipes ne sont pas outillées pour traiter ce genre de cas”.

Ce qui laisse comprendre qu’un travail de longue haleine et minutieux est toujours en attente si l’on veut sauver toute une génération.

S L