Cycles perturbés, règles abondantes, seins douloureux… Passé la quarantaine, le corps commence à subir l’effet de modifications hormonales. Quelques changements permettent de traiter ce déséquilibre.
Nombreuses sont les femmes de 40 ans à s’interroger sur les conséquences des variations hormonales qui s’annoncent. Les fluctuations d’œstrogènes ou de progestérone ne laissent pas indifférentes. Le gynécologue et l’endocrinologue sont nos meilleurs interlocuteurs pour nous aider à les gérer. Leurs réponses à nos questions les plus fréquentes.
Faut-il changer de contraception ?
« À cet âge, on ne prescrit plus de pilule à base d’œstrogènes, car cette hormone augmente les risques cardiovasculaires », alerte le Pr Philippe Touraine, endocrinologue.
En effet, à partir de la quarantaine, les femmes sont plus exposées à l’hypertension. Mieux vaut donc s’orienter vers une pilule ne contenant que des progestatifs, ou encore vers un stérilet. Hormonal, il présente l’avantage, tout comme la pilule prise en continu, de bloquer l’activité des ovaires, et donc de supprimer les règles lorsque des douleurs résistantes au paracétamol ou à l’ibuprofène vont croissantes au fil des cycles.
En effet, avec l’âge, l’utérus devient fibreux et l’endométriose, inflammation de la muqueuse utérine, plus fréquente. L’autre avantage de la pilule progestative, quand elle est prise 20 jours dans le mois, c’est de réguler la durée des cycles, parfois plus longs, souvent plus courts.
La progestérone est-elle la solution idéale ?
« La prise de progestatifs n’est pas toujours bien tolérée parce qu’elle peut provoquer des poussées d’acné, une prise de poids ou des troubles de la libido, dit le Dr Élisabeth Paganelli, gynécologue. Par ailleurs, les progestatifs, longtemps prescrits pour calmer les douleurs aux seins, s’avèrent souvent inefficaces ».
C’est rare, mais le stérilet à la progestérone peut même en être la cause.
Enfin, la progestérone quelle que soit sa forme (pilule, stérilet, implant) est contre-indiquée en cas d’antécédents de cancer du sein. Cette contraception doit également être arrêtée en cas de phlébite, d’embolie pulmonaire ou d’accident cardiovasculaire.
Des saignements désormais plus importants, c’est normal ?
Suite à un léger déséquilibre hormonal, la muqueuse qui tapisse l’utérus peut s’hypertrophier et entraîner des règles plus abondantes, avec des caillots. Mais il peut aussi s’agir d’un fibrome. C’est pourquoi, une fois vérifié que vous n’êtes pas enceinte, une échographie pelvienne est nécessaire afin de vérifier si ces saignements sont provoqués par un fibrome. Ayant besoin d’œstrogènes pour se développer, le fibrome cessera de grossir après la ménopause et commencera à régresser spontanément.
Mais avant, s’il est trop gênant et entraîne des saignements importants, le traitement habituel à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, combinés ou non à des progestatifs oraux, donne de bons résultats. Le médecin peut sinon vous prescrire des antifibrinolytiques (Exacyl, Spotof) pour atténuer les saignements.
Peut-on prendre du poids sans raison ?
Si rien n’a changé dans son alimentation, son activité physique ou son mode de vie, un gain de poids même modéré signe plutôt, avant 50 ans, une hypothyroïdie. En général, d’autres symptômes cohabitent : fatigue, constipation, frilosité inhabituelle.
« Avec le vieillissement des organes reproducteurs et la perturbation des œstrogènes, le climat ovarien peut retentir sur le climat thyroïdien », dit le Pr Touraine.
Seule la mesure des taux sanguins de TSH (thyroid stimulating hormone) et de T4 (principale hormone thyroïdienne appelée aussi thyroxine) permet de le savoir. Si vous souffrez d’une insuffisance d’hormones thyroïdiennes, rien ne dit qu’un traitement soit nécessaire.
Trois mois sans règle, c’est déjà la ménopause ?
S’il se passe trois mois sans règles et que vous ressentez des bouffées de chaleur, la question d’une ménopause précocepeut se poser. Le dosage d’une hormone, la FSH (hormone folliculostimulante) donnera une première indication, à confirmer avec un bilan hormonal.
Si tel est le cas, le traitement consiste à prendre des œstrogènes jusqu’à la cinquantaine, afin de réduire les risques d’ostéoporose. Une surveillance cardiovasculaire régulière est alors nécessaire.
Quelle est la bonne surveillance médicale après 40 ans
Après 40 ans, il faut continuer de voir son gynécologue chaque année.
- Une douleur persistante aux seins ou au bas-ventre ou encore des cycles perturbés doivent amener à le consulter rapidement.
- L’examen gynécologique et la palpation des seins sont d’autant plus importants qu’à partir de cet âge, il y a plus de fibromes, d’endométrioses et de mastoses.
- En l’absence d’hypertension ou d’antécédents familiaux cardiovasculaires, le bilan sanguin a lieu tous les cinq ans.
- La mammographie de dépistage n’est recommandée qu’à partir de 50 ans, sauf si vous avez un haut risque génétique ou qu’une anomalie apparaît à la palpation des seins.