Trop tôt encore pour connaître les résultats de la campagne : Consommons algérien : c’est jouable ?

Trop tôt encore pour connaître les résultats de la campagne : Consommons algérien : c’est jouable ?

Le slogan «Consommons algérien» s’impose aujourd’hui de lui-même. Avec la chute des prix du pétrole et la difficulté pour les pouvoirs publics d’honorer le niveau des dépenses des produits importés, il y a «nécessité de maîtriser nos dépenses à travers la mise en place de licences d’importation. D’où inévitablement une réduction de nos importations et une taxation maximale pour les produits pouvant être fabriqués localement pour protéger la production nationale», a expliqué Mohamed Mokrane Nouad, expert consultant en économie.

Les mesures qui s’imposent

Avis n L’impact de cette campagne orientée vers le consommateur ne serait pas visible dans l’immédiat, selon notre expert.

Car pour amener les Algériens à consommer algérien, il faut agir sur la qualité des produits locaux et faire en sorte que le prix soit compétitif par rapport aux produits d’importation. Pour le prix, «il faudra une intervention de l’Etat pour protéger notre production nationale par le biais des taxes existantes ou à introduire, comme celle sur la revente en l’état des produits d’importation. Le prix applicable en Algérie doit être supérieur au prix des produits locaux», précise M. Nouad.

Ainsi, pour booster la consommation des produits algériens, il propose le rétablissement du crédit à la consommation et le soutien des initiatives pour l’amélioration de la qualité de nos produits. Le positionnement des produits sur les marchés national, régional et international est conditionné, selon lui, par deux éléments très importants que sont la qualité et leur prix. «Dès que ces deux éléments sont maîtrisés et satisfaisants, la distribution s’organisera d’elle-même avec l’accompagnement promotionnel : le «Consommons algérien», a-t-il soutenu, ajoutant que ce slogan serait dès lors «comme un facteur de promotion des produits fabriqués sur place et de croissance économique, car il facilite la commercialisation et limite les importations». Mais avant cela, notre spécialiste appelle à développer l’industrie et renforcer les capacités des entreprises pour passer de l’étape d’unités de transformation semi-industrielles à celle d’unités industrielles, avec un accent particulier sur les questions de technologie moderne, de qualité des produits, de respect des normes, de traçabilité. Pour en revenir aux facteurs qui ont fait que notre production nationale est peu compétitive, M. Nouad citera en premier lieu les coûts de production qui sont souvent élevés et peu compétitifs par rapport aux importations. Viennent ensuite les difficultés d’approvisionnement. Sur ce point, il faut savoir que le développement des usines de transformation exige un approvisionnement régulier et suffisant en matières premières.

Or, il n’est pas toujours satisfaisant. Et pour cause, «les contraintes climatiques, les opérations techniques de chargement et de transport sont à l’origine de l’irrégularité des approvisionnements», souligne notre économiste. Il existe aussi des contraintes liées aux normes internationales. Les industriels se trouvent souvent «contraints par des normes internationales de qualité.

Ils sont alors obligés d’investir et surtout d’être approvisionnés en matières premières de qualité pour exporter des produits transformés et être compétitifs sur le marché local et international face à leurs concurrents », explique-t-il. Pour lever ces contraintes, il recommande d’inciter les entreprises à croître et à innover. Mais aussi à moderniser la filière et renforcer sa compétitivité, et ce, à travers une lisibilité et une complémentarité des dispositifs de soutien. Il est également question d’«établir des réseaux, soit des pôles de compétitivité et parcs industriels : mise en valeur des ressources humaines, acquisition et utilisation des technologies avec la promotion de la création et l’appui à l’émergence et à la professionnalisation des acteurs».

Assia Boucetta