Préoccupés beaucoup plus par le couffin que par la campagne électorale, les personnes du troisième âge ont la tête ailleurs et attendent toujours un geste des pouvoirs publics pour leur redonner le sourire.
On les croise un peu partout. Que ce soit à l’entrée des écoles, en compagnie de leurs petits-enfants, au marché on errant d’un endroit à l’autre dans l’espoir de remplir un couffin désespérément vide, dans les cafés des quartiers populaires en train de jouer aux dominos ou dans les jardins publics pour goûter à quelques moments de répit et se ressourcer. Certains ont même trouvé un moyen très original pour meubler leurs journées. Assis autour d’une table de fortune, érigée parfois en pleine rue, entre deux voitures en stationnement, ou sur le trottoir au milieu des passants, les personnes du troisième âge jouent tranquillement aux dominos. Un jeu de société très en vogue et dont ils sont devenus experts en la matière. En sillonnant certains quartiers d’Alger-Centre et de Bab El Oued, nous avons rencontré quelques-uns à qui nous avons demandé ce qu’ils pensaient de la campagne électorale et des élections législatives du 10 mai. Le premier à prendre la parole est un ancien facteur, aujourd’hui, à la retraite.
Préoccupé par la cherté de la vie et la flambée des prix des fruits et légumes intervenue ces dernières semaines sur le marché, il a du mal à contenir sa colère et pointe un doigt accusateur en direction des mandataires, responsables, selon lui, de cette tragique situation. «Que font les pouvoirs publics pour arrêter les auteurs de cette saignée qui a touché tout le monde? Un kilo de pomme de terre à 130 dinars, nous n’avons jamais vécu cela», nous a-t-il confié. Si la campagne électorale a du mal à démarrer, c’est parce que les partis politiques et les candidats proposés n’inspirent plus confiance et les réformes qu’ils promettent sont des slogans qui n’ont jamais été aussi trompeurs et aussi creux, dit-il. Obligé de recourir à de petits boulots pour nourrir sa famille et boucler les fins de mois, Aami Ali, c’est son nom, espère un autre geste du président de la République car, pour lui, les récentes augmentations accordées aux retraités sont dérisoires comparées au pouvoir d’achat qui, lui, ne cesse de se dégrader. «Ce qu’on te donne de la main droite, on te l’enlève, aussitôt, de la main gauche», souligne-t-il, allusion faite à l’envolée des prix des produits de première nécessité, intervenue le lendemain de l’augmentation des pensions des retraités. Revenant sur les majorations, un autre retraité ne manquera pas de faire remarquer les disparités entre les pensions, particulièrement celles inférieures ou égales à 20.000 dinars qui ont, en moyenne, bénéficié d’une augmentation de 5000 dinars, alors que les pensions supérieures à 70.000 dinars ont été relevées, elles, de 10.500 dinars! «Au lieu de favoriser les anciens retraités sortis avec des pensions inferieures à 15.000 dinars, on les a appauvris en ne leur accordant que 30% d’augmentations. A l’inverse, ce septuagénaire rencontré dans un café très fréquenté de la capitale, considère, lui, que ces augmentations lui ont permis d’améliorer un tant soit peu son vécu même s’il reconnaît, cependant, que la vie est devenue de plus en plus chère dans Alger. Revenant sur la campagne électorale, il est persuadé que le scrutin du 10 mai prochain est salutaire et qu’il modifiera le paysage politique et ouvrira une nouvelle ère, porteuse de paix et d’espoirs.