Dans une dizaine de jours, le pays baissera rideau, profitera des nuits estivales, sentira la fraîcheur de la Méditerranée.
A l’approche de la saison estivale, les Algériens, c’est bien connu, adoptent une posture d’attente et semblent même un peu pressés de voir débarquer la meilleure période de l’année.
Et pour ajouter au plaisir des uns et des autres, le mois sacré du Ramadhan, intervient pour 2016 au tout début du mois de juin. C’est véritablement le dernier signal du début d’un été prometteur. Il y a d’abord, l’examen du baccalauréat à passer. Une petite période stressante de quelques jours seulement. Un stress certainement tempéré par la Foire internationale d’Alger qui, à travers les animations et les agréables découvertes que les Algérois sont censés faire, apporte les premières brises estivales.
Dans le reste du pays, les Algériens ne disposeront pas du même «traitement anti-stress», mais à l’idée même de savoir que le pays se rapproche doucement, mais sûrement du mois sacré est une raison suffisante pour faire passer «la pilule». Il est vrai que nous sommes à moins de dix jours de la nuit du Doute, mais déjà les esprits sont gagnés par le plaisir du farniente. Les fonctionnaires, les autres travailleurs comptent les jours un à un et sentent presque les odeurs si particulières du Ramadhan. Il y aura, les dix premiers jours, le casse-tête du panier à remplir, mais juste les quelque 9 heures qu’on passera entre le réveil et l’Adhan. Ensuite, c’est bien connu, ce sont les appels des soirées ramadhanesques qui occupent déjà les esprits.
Cette année, le calendrier est parfait. Le mois sacré débute au tout début de l’été. Sur les trois mois, il n’égrènera qu’un seul. Il restera pour les familles algériennes deux longs mois pour profiter des vacances. Sur les cinq dernières années, nous sommes dans les meilleurs temps, pourrait-on dire. C’est excellent pour une société qui a subi une année compliquée avec des discours catastrophistes sur l’état des finances du pays, des menaces sur sa sécurité, même transfrontalière, tout de même, trop médiatisées pour échapper à l’intention des uns et des autres. En fait, l’Algérien a vécu sur ses nerfs les neuf premier mois de l’année. Il ne s’est rien passé de grave au niveau climatologique et encore moins au niveau politique et la crise économique n’a été vécue qu’à travers la presse écrite et audiovisuelle, mais l’effet est là et le stress aussi.
C’est dire que les citoyens ont hâte de revivre les instants presque «féeriques» d’un Ramadhan qui, cerise su le gâteau, ne dérange pas les agendas des futurs vacanciers. Bien au contraire. Il débute après que toutes les épreuves soient passées et se termine avec la promesse de juillet et août, presque totalement acquis à l’activité préférée de tout être humain. Au plan social donc, le timing est parfait. Les Algériens de toutes les couches sociales trouveront leurs comptes dans les recoupements que font les calendriers religieux et civil. Mais ce ne sera pas le cas sur les aspects économiques. Il est, en effet, évident que tous ne partiront pas physiquement en congé.
Il restera plus de la moitié des travailleurs à leurs postes. Les administrations doivent fonctionner, les usines tourner et les commerces demeurer ouverts. Le problème, c’est que les vacances, c’est aussi dans la tête. Cela se traduit par un rythme d’activité en sensible baisse, dans la totalité des secteurs d’activité du pays. Ceux qui ne partent pas en congé travaillent en comptant les jours qui les séparent de la «délivrance», et de retour de vacances, il travailleront avec la tête ailleurs qu’au bureau ou à l’usine. Bref, personne ne pourra ôter aux Algériens l’idée que les vacances ça dure trois mois, que l’on soit les pieds dans l’eau ou sur la pédale d’une machine.
Cette longue période fera, on ne s’en doute pas, la joie des familles. Les très longues soirées ramadhanesques en famille ou dans les salles de spectacle, voire même dans la rue qui se découvre une animation exceptionnelle, suivies par de longues journées à la plage après l’Aïd, et la nouvelle mode se précise, des dîners à la belle étoile les pieds dans l’eau, sans que cela ne coûte cher, ajoute à la magie estivale que l’on bosse ou pas. Résultat: tout le pays, peut-être même ministres compris, se prépare à se mettre dans la peau du vacancier et la productivité et autres concepts économiques attendront la rentrée de septembre. En fait, dans une quinzaine de jours, le pays baissera rideau, profitera des nuits estivales, sentira la fraîcheur de la Méditerranée… Bref, l’Algérie se mettra en mode veille pour trois longs mois.