les attentats du 11 décembre,Les Algériens se souviennent du choc

les attentats du 11 décembre,Les Algériens se souviennent du choc
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Trois ans, jour pour jour, après les sanglants attentats kamikazes qui ont secoué simultanément les communes de Ben Akoun et Hydra, tôt le matin, aujourd’hui, après ces douloureux événements les Algériens se souviennent toujours de cette triste date.

Des moments choc, une journée horrible, il y avait beaucoup de morts, mais également beaucoup de peine. Ce jour-là, deux kamikazes, l’une, très jeune personne et l’autre de 64 ans ont défoncé respectivement les sièges du Conseil constitutionnel et du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), bilan : plus de 75 morts et des centaines de blessés, parmi eux des employés au HCR. Après toutes ces années, le spectre des attentats terroristes plane toujours sur Alger, surtout à l’approche de la fin de l’année, une conjoncture très particulière pour les groupes terroristes affiliés à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Retour sur cette journée de cauchemar vécue par l’ensemble des Algériens, à savoir le 11 décembre 2007. Ce jour-là, les deux attaques kamikazes ont consisté en deux attentats à la voiture piégée qui ont eu lieu le même jour dans la capitale.

Ils auraient fait entre 60 et 75 morts suivant les sources hospitalières, parmi lesquelles 17 employés de l’ONU. 277 personnes ont été blessées, selon un rapport rendu public le jour de l’attentat par l’ex-ministre de l’Intérieur, en l’occurrence Yazid Zerhouni. Ces attentats revendiqués par Al Qaïda au Maghreb islamique sont les plus meurtriers depuis le triple attentat d’Amman perpétré par la branche irakienne d’Al Qaïda le 9 novembre 2005, et qui avait causé la mort de 60 personnes. Il s’agit de la cinquième action terroriste perpétrée par ce groupe terroriste à Alger pour l’année 2007, après ceux du Palais du gouvernement, le Commissariat de Bab Ez- zouar. Une première voiture piégée a eu pour cible un bus de transport d’étudiants à Ben Aknoun, sur les hauteurs d’Alger, devant le Conseil constitutionnel et à proximité de la Cour suprême.

Fort heureusement aucun étudiant ne se trouvait à l’intérieur du bus au moment de l’attentat. Toutefois, des personnes avaient trouvé la mort dans cet attentat sanglant perpétré par un jeune kamikaze natif du quartier d’Aïn Naâdja, une commune du sud-est de la capitale. Une seconde voiture conduite par un kamikaze, âgé de 64 ans et natif de Khemis Khechna, a explosé devant le siège du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dans le quartier résidentiel de Hydra, qui abrite également les ministères de l’Energie et des Finances, ainsi que plusieurs chancelleries et résidences diplomatiques.

Quelques heures après les attentats, dans un communiqué publié sur un site Internet islamiste, Al Qaïda au Maghreb islamique (anciennement Groupe salafiste pour la prédication et le combat) avait revendiqué le double attentat, destiné à «défendre la nation de l’Islam et humilier les croisés et leurs agents, les esclaves des Etats-Unis et les fils de la France», ainsi qu’à faire

«voler en éclats la légende selon laquelle le noyau dur de notre groupe a été détruit». Mais il se trouve que ce sont des civils algériens qui ont péri dans ces deux attentats destinés à «chasser les Français et les croisés», selon les terroristes. Le mode opératoire de ces attentats est identique à celui observé lors des attentats du 11 avril 2007 à Alger, et confirme la nouvelle orientation du GSPC, qui calque désormais ses actions sur le modèle des attentats-suicide perpétrés en Irak. Le même groupe avait communiqué également les noms des deux kamikazes : il s’agit de Rabah Bechla (pour l’attentat qui a frappé le HCR), et de Larbi Charef (pour l’attentat qui visait le Conseil constitutionnel).

Le second avait été dans les années 1990 un membre du GIA qui aurait bénéficié de l’amnistie accordée en 2006 dans le cadre de la loi sur la réconciliation nationale, ce qui avait commencé à engendrer la polémique autour de cette politique menée depuis quelques années par les autorités algériennes. A la suite des attentats d’Alger du 11 avril, le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, avait déjà indiqué que selon lui ils font partie de groupes qui se sentent exclus du processus de réconciliation nationale et voulaient «perturber le processus politique de règlement de nos problèmes». Le véhicule qui explosa devant le Conseil constitutionnel était conduit par Larbi Charef, 30 ans, vivant à Aïn Naâdja, une banlieue au sud-est d’Alger.

Il avait été arrêté en 2004 pour «soutien au terrorisme» et condamné à la prison et libéré en 2006. Le véhicule qui explosa devant le siège du HCR était conduit par Brahim Chebli, 64 ans (ce qui en fait un exemple atypique, qui ne correspond pas aux critères habituellement observés chez les auteurs d’attentats-suicide, qui sont généralement des hommes jeunes), ancien sympathisant du parti islamiste dissous qui rejoignit le GIA en 1996 avant d’intégrer le GSPC.

Par Sofiane Abi