Trois années sont passées depuis l’assassinat de Ali Tounsi,La partie civile veut connaître le mobile du meurtre

Trois années sont passées depuis l’assassinat de Ali Tounsi,La partie civile veut connaître le mobile du meurtre

24 février 2010-25 février 2013. Trois années sont passées depuis la mort tragique de l’ex-directeur général de la Sûreté nationale Ali Tounsi. Le 23 décembre 2010, la Cour suprême, a statué sur les pourvois interjetés tant par la partie civile que par la défense. Sa décision : rejet des requêtes et renvoi du dossier devant le tribunal criminel. Depuis, rien de nouveau. Aucune suite n’a été enregistrée.

Si la date du procès n’est toujours pas fixée, il n’en demeure que pour la partie civile, «ce dossier a été géré dans la précipitation». Des propos déjà tenus aussi bien par la défense que par la partie civile. Mais pour Me Fatima Chenaïf, «la victime n’était pas n’importe qu’elle personne, d’où notre droit de revendiquer le droit de connaître le mobile de cet assassinat». En d’autres termes, la partie civile s’interroge sur «les motifs qui ont poussé la justice à ne pas auditionner certains témoins», dont certains ont affiché leur disponibilité à le faire à l’image de l’ex-ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales. «M. Zerhouni se serait présenté, s’il avait été convoqué. J’en suis persuadé», dit-on, arguant du fait que l’ex-ministre de l’Intérieur avait déclaré officiellement qu’«il était disponible à témoigner.



Mais on est devant une justice de puissants, et il y a une volonté de fermer le dossier sans que toute la vérité ne soit dévoilée». «Notre requête a été rejetée et là, cela sème le doute sur la gestion de cette affaire. La justice est rendue au nom du peuple algérien», ajoute, pour sa part, Me Chenaïf. «Nous regrettons que la justice soit restée muette, il y a une volonté de réduire l’affaire à deux personnes, il y aura toujours des zones d’ombre, et cela n’honore pas la justice qui a raté sa sortie dans les grands procès», commentent d’autres sources. Pour la partie civile, la revendication principale est de «connaître le mobile du crime».

Pour notre interlocutrice, «on ne tire pas sur un homme à cause du report d’une réunion». «Lors de son audition par le juge instructeur, M. Oultache aurait déclaré que le refus du défunt DGSN de reporter la réunion l’a mis dans un état de colère, ce qui l’a poussé à sortir son arme et tirer sur son chef ! Le juge d’instruction devait travailler sur les circonstances de l’assassinat commis dans un contexte sensible» avait expliqué le collectif des avocats de la partie civile, lors d’une conférence de presse tenue en 2010.

«On ne croît pas à la thèse du complot et le communiqué du 25 février du ministère de l’Intérieur s’inscrit dans le souci d’écarter cette thèse», ajoute-t-on. La reconstitution des faits a été marquée par des «insuffisances d’autant qu’Oultache a été auditionné sur la procédure et non sur le fond». «Ses déclarations n’ont pas été mentionnées sur le P-V sur-le-champ, alors que le greffier était présent», fera remarquer, de son côté Me Chenaïf.

«Il y a quelque chose derrière cet assassinat», dira-t-elle, avant d’ajouter que «l’instruction n’a pas été complète». «On n’a pas mentionné le timing, on ignore quand Oultache est sorti du bureau du défunt, ni combien de temps il est resté avec lui. Le timing est important d’autant qu’Oultache serait resté dans le bureau après l’assassinat. Le timing peut être d’une grande signification dans le pourquoi de l’acte», affirmera- t-elle. Trois années après, cette avocate persiste et signe : «Moi, je cherche le mobile. Pourquoi Tounsi a été assassiné.

C’est le même questionnement qui se pose pour le défunt Boudiaf et pour feu Ali Tounsi. Trois années après, ces mêmes questions sont posées de nouveau. C’est pour crédibiliser notre justice. Lui, (Tounsi) ne fait plus partie de ce monde, mais il faut que la justice de notre pays reprenne la place qui est la sienne. Il ne faut pas toucher à la symbolique de la balance. La justice est le dernier recours, il faut donc la préserver et la conforter. Nos consciences, ne nous permettent jamais de composer avec ce genre de situation », conclu-t-elle.

A. B.