Tripoli, accusé par la rébellion libyenne de faire usage de bombes à sous-munitions à Misrata, seule ville de l’Ouest libyen encore tenue par les rebelles, nie totalement ces accusations.
A ce sujet, Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement répondant à des journalistes qui l’interrogeaient sur cette question dira que «moralement, légalement, nous ne pouvons pas faire cela à l’encontre de notre population civile».
Pour mémoire, les sous-munitions sont contenues dans des armes à fragmentation, et sont donc susceptibles, quand elles n’ont pas immédiatement explosé, de tuer et de mutiler des civils longtemps après l’emploi des bombes. Des accusations qui ont été confirmées par l’ONG Human Rights Watch.
Sur le front de bataille, insurgés et forces loyalistes au régime continuent à se disputer la ville d’Ajdabiya, située à 160 km au sud de Benghazi, le fief des rebelles. Deux explosions ont été entendues hier à l’ouest de la ville d’Ajdabiya, ont rapporté des médias.
Les mêmes sources indiquent que les rebelles ont affirmé contrôler une zone de plusieurs kilomètres au-delà d’un point de contrôle dans l’ouest d’Ajdabiya, situé le long de la route côtière menant à la ville pétrolière de Brega, 80 km à l’ouest. En outre, selon l’agence de presse libyenne Jana, des raids ont visé la ville natale du dirigeant libyen, Syrte qui se trouve à 600 km à l’est de Tripoli, et qui avait déjà fait l’objet avant-hier de raids.
Par ailleurs, des tirs de roquette par les forces armées de Kaddafi sur les positions des rebelles à mi-chemin entre Ajdabiya et Brega ont fait au moins six morts et 20 blessés, selon des sources médicales rapportées par l’AFP. Ainsi, au moins treize personnes ont été tuées avant-hier dans les affrontements entre les forces du dirigeant libyen et les rebelles.
Les échanges à l’arme automatique, aux tirs de mortier et à l’artillerie s’étaient intensifiés en fin de journée, et les pilonnages des forces de l’Otan ont poursuivi leurs activités, dans la nuit, rapportent les agences. Par ailleurs, le Washington Post a rapporté avant-hier que de hauts responsables américains et de l’Alliance atlantique ont affirmé que les forces de l’Otan se trouvent à court de bombes de précision et d’autres types de munitions.
A ce propos, le journal citant des fonctionnaires américains écrira que «l’arsenal de l’Otan a été trop rapidement épuisé, et les importants stocks des Etats-Unis ne servent pas puisqu’ils ne sont pas adaptés aux avions britanniques et français qui effectuent la majeure partie des missions».
Quand la France piétine les résolutions de l’ONU
Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères a affirmé hier en marge d’un colloque sur le «printemps arabe» organisé à Paris par son ministère, qu’il n’était «nul besoin d’une nouvelle résolution» de l’ONU sur la Libye pour contraindre Maammar Kaddafi au départ «compte tenu de son comportement, de la répression sauvage qu’il a exercée sur sa population». Et d’ajouter que «Kaddafi a perdu toute légitimité pour continuer à exercer le pouvoir».
Cette déclaration intervient au lendemain de la prise de position de la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis qui ont fait du départ du dirigeant libyen, le principal l’objectif de leur intervention en Libye. Les Etats-Unis, pour leur part, ont refusé jeudi dernier de revenir en première ligne en Libye, après avoir retiré leurs avions de combat des opérations. Seuls six des 28 Etats membres de l’Otan participent actuellement aux raids aériens en Libye.
La Russie qui dès le départ s’est positionnée contre l’intervention occidentale en Libye, campe sur ses positions et affirme par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov que l’Otan outrepassait le mandat de l’ONU. Soutenant qu’il est «important de passer de manière urgente à la phase politique et d’avancer vers un règlement politique et diplomatique» de la crise libyenne.
Dans le même esprit, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a estimé que l’Otan, en affichant sa décision quant au départ de Kaddafi, était «certainement» en train de sortir de la résolution 1973 de l’ONU sur la Libye, suggérant l’adoption d’une nouvelle résolution pour avaliser le projet de chasser Kaddafi.
Quelque 1 200 migrants évacués par l’OIM
L’Organisation internationale des migrations (OIM) a évacué avant-hier par mer près de 1 200 migrants bloqués dans le port de Misrata, selon des médias.
Lynda N. Bourebrab