Des combats intenses opposaient hier les forces du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à ses opposants à l’entrée ouest de la ville d’Adjedabia à partir de laquelle les insurgés avançaient vers le site pétrolier de Brega.
Des obus de mortier, des roquettes et des armes automatiques étaient employés dans ces combats, a rapporté un correspondant de presse alors qu’un second a fait état de l’arrivée en début d’après-midi de deux blessés dans la ville stratégique d’Adjedabia. Les opposants ont déplacé leurs positions en avant, à la faveur des raids de l’Otan contre les forces gouvernementales. L’opposition armée est désormais à environ 35 km de Brega.
Les rebelles avaient affirmé dans la matinée d’hier qu’ils avaient pris le contrôle d’une zone de plusieurs kilomètres dans le désert au-delà d’Adjedabia, le long de la route côtière menant à la ville pétrolière de Brega (80 km à l’ouest). Les avions de l’Otan ont intensifié leur activité dans la zone ces trois derniers jours.
Beaucoup plus à l’ouest, les forces de Mouammar Kadhafi ont lancé hier au moins 100 roquettes Grad sur la ville assiégée de Misrata, a déclaré un porte-parole des rebelles.
Des habitants ont confié que pour la seule journée de vendredi, des centaines de roquettes avaient été tirées sur Misrata, notamment sur des quartiers résidentiels.
Au moins treize personnes ont ainsi été tuées vendredi dans les affrontements et les pilonnages se sont poursuivis dans la nuit, selon des sources médicales. Pour sa part, l’organisation Human Rights Watch a condamné l’utilisation de bombes à fragmentation par les forces loyales lors d’affrontements meurtriers dans l’un de ces quartiers résidentiels. D’après l’organisation, au moins trois bombes à sous-munitions ont explosé à environ un kilomètre de la ligne de démarcation entre les rebelles et les forces de Kadhafi.
Des sous-munitions auraient même échoué à seulement 300 mètres de l’hôpital local. Le New York Times, photos à l’appui, a indiqué que des bombes à fragmentation de 120 mm fabriquées en Espagne en 2007, un an avant que ce pays signe la convention internationale sur les bombes à sous-munitions, avaient été utilisées par les forces de Kadhafi lors de combats avec la rébellion libyenne.
Le régime du colonel Mouammar Kadhafi a démenti l’utilisation de bombes à sous-munitions dans des zones résidentielles lors d’affrontements avec les rebelles. «Absolument pas.
Moralement, légalement, nous ne pouvons pas faire cela à l’encontre de notre population civile», a déclaré Moussa Ibrahim, porte-parole du régime de Tripoli. Ce qui veut dire que des bombes plus classiques peuvent être utilisées contre ces mêmes populations civiles ? Ce qui est certain, sur le plan humanitaire, la situation est chaotique. Près de 1200 Asiatiques et Africains travaillant en Libye sont arrivés à Benghazi en provenance de Misrata.
Ces travailleurs immigrés bloqués depuis des semaines dans cette ville ont été évacués par mer à bord d’un navire grec, le «Ionian Spirit». Selon une porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations, le bâtiment a réussi à décharger 400 tonnes d’aide avant de «quitter le port en embarquant près de 1200 personnes – des hommes, des femmes, des enfants et des personnes âgées –
toutes déshydratées et affaiblies». On estime que 8000 à 10 000 travailleurs immigrés se trouvent toujours pris au piège dans la ville assiégée. Par ailleurs, a rapporté le quotidien américain The Washington Post, les forces de l’Otan engagées dans les opérations aériennes en
Libye se trouvent à court de bombes de précision et d’autres types de munitions. Citant sans les identifier de hauts responsables américains et de l’Alliance atlantique, le journal a souligné que cette pénurie met en lumière les limites du Royaume-Uni, de la France et des autres pays européens à mener dans la durée une opération militaire relativement modeste.
Les Etats-Unis ont refusé de revenir en première ligne en Libye, après avoir retiré leurs avions de combat des opérations. Seuls six des 28 Etats membres de l’Otan participent actuellement aux raids aériens contre les forces libyennes.
A. D. et Agences