Trois importantes décisions sont prises à l’issue de la tripartite qui a réuni gouvernement, UGTA et Patronat samedi dernier, à Alger.
Des décisions qui répondent aux préoccupations exposées à maintes reprises et lors de différentes occasions par, notamment, les chefs d’entreprise.
Ainsi, il a été décidé de suspendre le Crédoc pour les producteurs importateurs. Ce mode de payement sera remplacé par la remise documentaire qui permettra aux entreprises de production à mieux s’approvisionner. Car, faut-il le rappeler, avec la remise documentaire, l’importateur payera la marchandise une fois cette dernière arrivée à destination alors qu’avec le Crédoc, l’importateur est obligé de déposer son argent à la banque trois mois avant l’arrivée de la marchandise. En outre, ces mêmes importateurs pourront également, en cas d’urgence, recourir au transfert libre dans la limite, toutefois, de 4 millions de DA /an au lieu de 2 millions de DA. Cependant, les importations destinées à la revente en l’état continueront à être soumises au payement Crédoc.
L’autre décision importante concerne le secteur de la PME. Le Gouvernement, en effet, se montre disposé à participer au rééchelonnement des créances bancaires en défaillance des PME, confrontées à des difficultés de remboursement ou qui n’ont, selon les dires d’Ahmed Ouyahia, aucune chance de survie. Les banques sont appelées, dans ce sens, à rééchelonner les créances des entreprises en difficulté avec un différé de trois ans durant lesquelles le Trésor public prendra en charge les intérêts. Ce qui signifie que la banque créancière procédera à l’annulation des agios réservés pour l’entreprise bénéficiaire du rééchelonnement. Cela dit, les créances définitivement compromises resteront toutefois la responsabilité exclusive de la banque et de son débiteur. Dans ce contexte, le ministère des Finances, la Banque d’Algérie et l’Association des Banques et Etablissements financiers (ABEF) sont priés de prendre les dispositions nécessaires pour l’application de cette décision qu’ils présenteront dans un premier rapport d’étape lors de la 14e tripartite prévue en septembre prochain.
Toujours en matière de PME, il a été décidé, lors de cette tripartite, la bonification des crédits d’investissement aux PME dès juillet prochain. De ce fait, le Trésor public est autorisé à participer à cette bonification. Sur 5,5% du taux d’intérêts prélevés sur les crédits d’investissements que les banques de la place sont encouragées à préserver, 02% de bonification sera pris en charge par le Trésor public.
Les banques sont aussi invitées à accorder un différé sur les crédits aux PME exclusivement destinés à l’investissement, à raison de trois ans pour les crédits à moyen et long terme (5 à 7 ans) et de cinq ans sur les crédits à long terme (plus de 7 ans). Les intérêts intercalaires de ces périodes de différés seront pris en charge par le Trésor public. Autrement dit, précise M. Ouyahia à l’APS, l’entreprise bénéficiera d’un crédit à taux d’intérêt de 3,5%. «Si nous considérons que le taux d’inflation est à 3,9%, cela signifie que les entreprises bénéficient d’un crédit à taux négatif», souligne-t-il. Par ailleurs, en réponse aux revendications récurrentes du Patronat, le Gouvernement accepte de couvrir les risques de change. A ce propos, la Banque d’Algérie est appelée à mettre en place, dans les meilleurs délais, un dispositif opérationnel de couverture des risques de changes, de même que le ministère des finances, convié à se charger du côté législatif et réglementaire.