Tripartite : Sous le sceau du dialogue social

Tripartite : Sous le sceau du dialogue social
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Plus de trois mois après la grande mobilisation autour de la tripartite économique, dédiée à l’entreprise et à l’investissement, le 28 mai dernier, le gouvernement se réunira fin septembre ou début octobre, avec les partenaires sociaux pour une autre tripartite, laquelle sera placée sous le signe du dialogue social.

De nombreux dossiers feront l’objet de négociations : l’emploi, les salaires et le pouvoir d’achat, les retraites, le code du travail, la production nationale et surtout l’entreprise, ainsi que d’autres questions sociales et économiques d’urgence. Tous ces points devraient constituer l’essentiel de l’ordre du jour. Pour cette tripartite, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh, a indiqué que le gouvernement et ses partenaires socioéconomiques poursuivaient le débat autour du nouveau code du travail dont « d’importants points n’ont pas encore été tranchés ». Evoquant la stratégie de l’emploi lancée en 2008, le ministre rappelle qu’elle reposait sur deux volets : économique d’abord, qui consiste à appuyer l’investissement productif créateur d’emplois, social ensuite consistant à créer des dispositifs publics d’appui à l’emploi des jeunes.

Dans ce sens, il explique que son département accompagne l’économie nationale « par étapes » à travers des dispositifs publics d’appui à l’emploi, notamment pour les chômeurs et le dispositif d’insertion professionnelle à travers lequel l’Etat permet aux jeunes d’acquérir une expérience au sein des entreprises. A une question sur le chômage dans les régions du Sud, M. Louh a précisé que le chômage ne se limitait pas au Sud mais touchait l’ensemble du territoire, mais aussi l’ensemble des pays, rappelant que le taux de chômage est passé de 30 % en 1999 à 10 % en 2010, selon l’Office national des statistiques (ONS) qui se conforme aux normes de l’Organisation internationale du travail (OIT). Par ailleurs, le ministre écarte l’éventualité de la résiliation des contrats d’emploi aux retraités pour assurer davantage de postes d’emploi aux jeunes, précisant que « le nombre des retraités est limité et que le marché de l’emploi offre de grandes opportunités d’emploi à la faveur des réformes et des mesures incitatives en investissement dans le secteur économique ».

Dans ce cadre, M. Louh a rappelé l’instruction adressée par le Président de la République au gouvernement lors de la séance d’évaluation du secteur portant augmentation de la part de la fiscalité pétrolière consacrée au Fonds national des réserves de retraite financé principalement par la consécration de 2% de la fiscalité pétrolière annuelle. Le ministre a, en outre, relevé que la main-d’œuvre étrangère en Algérie a atteint actuellement 49 000 travailleurs employés dans les grands projets, le projet de l’autoroute et les travaux publics.

Si rien n’est bouclé d’avance, il n’en demeure pas moins vrai que tout porte à croire que ce sommet social fera figure d’une rencontre qui se déroulera dans une atmosphère empreinte de sérénité et une ambiance plutôt cordiale. Comme pour montrer que l’exécutif et les partenaires sociaux accordent leurs violons pour converger vers des mesures concrètes, concernant toutes les questions qui seront examinées. C’est que ces questions s’y prêtent, pour que patronat et syndicat décident d’un commun accord de plancher sur le règlement des problèmes sociaux et économiques de l’heure et de déboucher sur des mesures réelles et rapides à mettre en œuvre.

Cela est possible d’autant plus que de nombreuses questions font particulièrement consensus. Le gouvernement se réunira également avec le syndicat et le patronat afin d’examiner les mesures à prendre pour atténuer les effets de la crise sur le quotidien des Algériens. Cette rencontre constitue, donc, un rendez-vous crucial.

Une mobilisation à laquelle le Président Bouteflika avait appelé de ses vœux lors de son discours à la nation de la mi-avril. Pour cette fois aussi, il s’agit d’aboutir à des solutions concernant les problèmes posés pour réussir un véritable tournant social, dont les classes modestes en seront les principales bénéficiaires. Les conclusions de cette réunion seront décisives à plus d’un titre. Dans ce sens, en fait, il y a lieu de noter que pour la majorité des Algériens la fixation sur l’augmentation des salaires et le renforcement du pouvoir d’achat tombe à pic et pas du tout mal à propos.

Et si face au duo gouvernement-patronat, la centrale syndicale UGTA compte défendre avec une énergie positive les dossiers économiques qui seront soumis lors de cette rencontre, selon son secrétaire général Abdelmadjid Sidi Saïd, la question que tout le monde se pose est de savoir si les syndicats autonomes seront cette fois aussi les grands absents de cette Tripartite. Quant au patronat qui a souhaité être mieux et plus largement associé à la stratégie économique des entreprises, il défendra plutôt l’idée d’une aide accrue aux entreprises.

Le patronat aimerait aussi offrir aux entreprises plus de sécurité juridique. Quant au gouvernement, cela sera l’occasion pour lui de jouer son joker pour calmer la société. Si ça marche, il s’offrira un répit, après une assez longue période où il s’était trouvé dans une situation difficile.

Par ailleurs, des thèmes de négociation sur des sujets moins en prise sur l’actualité seront discutés. Le gouvernement cherche à éviter un embrasement social, comparable à celui de janvier. Il est satisfait du dialogue noué avec ses partenaires qui s’engagent à éviter les surenchères, tel qu’ils l’affirment lors de leurs réunions de concertation qui se sont plutôt bien passées. Ils se présenteront à la prochaine tripartite avec des idées qui suscitent adhésion et rapprochement et non des oppositions, souligne Tayeb Louh, qui a fait l’annonce de la tenue de cette tripartite fin septembre.

La réunion devrait donner le signal de toute une série de mesures, qui certainement seront avantageuses pour tous, l’objectif étant de tenir le cap économique en soutenant l’activité par l’investissement et en ajoutant des mesures sociales, ce qui permettra de valider la stratégie économique dont le gouvernement devra con-vaincre du bien-fondé.