L’Union Générale des Travailleurs Algériens se dit prête à s’asseoir autour d’une même table de négociation le jour de la réunion de la tripartite prévue pour le 28 mai aux côtés du Gouvernement et du Patronat.
«La centrale syndicale va défendre avec une énergie positive les dossiers économiques qui seront soumis lors de cette rencontre, initiée par le président de la république», a affirmé, hier, M. Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l’UGTA lors d’une réunion tenue à cet effet, en présence des responsables des 30 fédérations que compte cette organisation syndicale.
Il fera savoir, d’emblée, que plus de 60% des dossiers sociaux ont été traités par la centrale, qui va bientôt finaliser aussi les dossiers économiques qui seront présentés. Sidi Said laisse entendre que l’accent sera mis cette fois-ci sur un dossier important, concernant «les instruments nécessaires pour la promotion de la production nationale».
Ce sujet a fait l’objet de plus de 35 réunions. Cela dit, l’élément moteur que l’UGTA va mettre en relief a trait à la promotion de la production nationale. Partant du constat que les augmentations salariales ne se répercutent pas malheureusement sur la consommation, Sidi Saïd affirme qu’il faudrait défendre le jour de cette tripartite le besoin d’avoir une bonne régulation et un contrôle rigoureux en vue d’éviter les spéculations conjoncturelles, car, déclare-t-il, «la contestation vient de la spéculation et non pas des augmentations salariales». Donc, il sera question de trouver des mécanismes appropriés pour juguler ce phénomène, en allant «vers des actes concrets qui puissent permettre d’apprécier les récentes augmentations salariales initiées par les pouvoirs publics que nul ne peut nier», dira-t-il. Pour ce qui est des préparatifs du prochain sommet social qui devra intervenir en septembre prochain, le premier responsable de l’UGTA fait savoir que cette rencontre concernera les actifs et les retraités.
Lors de la réunion de samedi prochain, l’effort sera axé sur des questions fondamentales, relatives à la mauvaise exploitation de la main d’œuvre algérienne dans les entreprises étrangères, notamment dans le Sud. Phénomène qui, d’ailleurs, commence à prendre des proportions alarmantes.
A cela s’ajoute, indique Sidi Said, le problème du travail temporaire qui lui aussi s’érige en règle, le travail à domicile, la représentation syndicale dans les entreprises étrangères, et bien évidemment l’harmonisation du dossier des conventions de branches et la redéfinition du 87 bis qui traduira un SNMG mieux adapté aux nouvelles exigences. Pour appuyer ces dires, il fera savoir que le statut particulier des travailleurs des collectivités locales sera finalisé avant la fin du mois en cours. Donc, affirme-t-il, il ne reste pas grand-chose dans la fonction publique. Sidi Saïd annonce la couleur pour dire que le partenaire social qu’il représente n’a jamais renoncé à sa vocation initiale qui est de défendre les droits des travailleurs. «Nous ne sommes pas une organisation qu’on peut instrumentaliser facilement», tonne-t-il, en réaffirmant que la centrale syndicale a pour principe de préserver la paix et la stabilité sociale, car «les droits ne se feront jamais dans la perturbation». A l’adresse des voix qui remettent en cause la représentativité de l’UGTA, Sidi Saïd, connu pour son franc-parler, affirme sans ambages : «Basta à l’évocation du monopole de l’UGTA. La centrale syndicale a une ligne indétournable, qui est le respect des lois de la République». Et d’enchaîner : «Nous n’avons pas d’animosité avec les autres syndicats et nous ne sommes pas en compétition avec eux. C’est le terrain qui décide. L’UGTA a les pieds solides et quoi qu’on fasse, son arbre donnera toujours des fruits généreux.»
L’ACTION DE L’UGTA EN CHIFFRES
En langage de chiffres, le premier responsable de la centrale syndicale indique que son organisation a préparé l’évaluation qu’elle soumet annuellement au ministère de Travail. En termes d’ancrage au sein des travailleurs, en 2009, l’UGTA comptait plus de 1 million 579.000 adhérents et en 2010 ce chiffre est passé à 1 million 784.000 adhérents. C’est un chiffre qui ne souffre aucun commentaire, tient-il à préciser. En se référant à un document fourni à la presse, Sidi Saïd affirme que son organisation a réalisé bien des acquis, à travers une cadence sans égal dans les négociations. Et on prétend que l’UGTA n’a rien fait, ironise-t-il.
De 1990, 1994, il y a eu 3 bipartites et de 1991 à 2009, plus de 7 tripartites. Au total, 187 conventions collectives de branches ont été négociées et plus de 2 938 conventions collectives d’entreprises qui ont abouti. A cela s’ajoute plus de 13 907 accords salariaux qui ont été signés dans le secteur public et 12 688 accords dans le secteur privé. Ces accords signés dans le secteur économique (public et privé) ont touché un effectif global de 5.665.000 salariés avec une augmentation moyenne des salaires et du régime indemnitaire de 30%. Pour la période de 2010, enchaîne encore Sidi Saïd, 80 conventions collectives de branches ont été signées dans le secteur public, dont 98 conventions collectives d’entreprises et 715 accords salariaux.
Au total, 893 conventions ont vu le jour. Il reste à finaliser la convention des journalistes exerçant dans le secteur privé, indique Sidi Saïd. Dans le secteur privé, 736 conventions et accords ont été signés. En somme, ils ont concerné en tout durant l’année 2010, un effectif global de l’ordre de 1582.462 dans le secteur public et de 1262.336 dans le secteur privé. Soit un total de 2.844.798 salariés et une augmentation moyenne des salaires et du régime indemnitaire de 35%.
M. Telli Achour, secrétaire général, chargé des conflits sociaux a fait savoir pour sa part que le dossier des salaires impayés est en voie de résolution. 238 entreprises sont concernées par cette question, déclare-t-il, comptant 31.289 travailleurs. Pour 1887 mois de salaires impayés, 1546 mois ont été payés.