Y. Tarik, 27 ans, a comparu lundi matin devant le tribunal criminel d’Oran, afin de répondre pour les chefs d’inculpation de viol et torture sur L. Mohamed, mineur âgé de 16 ans au moment des faits.
Selon l’acte d’accusation, ces faits remontent à avril 2015, lorsque le père de la victime présumée, cadre à la retraite de Sonatrach, s’est présenté aux services de police pour porter plainte contre Tarik, gérant d’une salle de jeu à Bethioua, qu’il a accusé d’avoir violé et torturé son fils Mohamed. Interrogé par les enquêteurs, celui-ci soutient que Tarik abusait de lui depuis novembre 2014, soit depuis le jour où il lui avait reproché d’avoir volé de l’argent dans la caisse. “J’étais un habitué de la salle de jeux, et j’avais coutume de le remplacer quand il rentrait chez lui déjeuner. Ce jour-là, il m’avait accusé d’avoir piqué de l’argent et menacé de me dénoncer à la police. À moins que je ne consente à avoir des rapports sexuels”, a raconté le plaignant en reconnaissant avoir accepté la proposition pour éviter d’avoir affaire à la police. “Depuis, il n’a pas cessé d’abuser de moi et de me torturer physiquement en menaçant de publier sur les réseaux sociaux des photos qu’il avait prises”, a ajouté la victime présumée, en affirmant que son présumé tortionnaire le frappait souvent et l’électrocutait : “Un jour, il a même dessiné au fer rouge son prénom sur mon bras.” Déjà condamné en 2010 à cinq années de prison pour viol sur mineur, Y. Tarik ne répond pas aux convocations de la police qui est contrainte de délivrer un mandat d’arrêt et de procéder à son interpellation. Interrogé sur les faits qui lui sont reprochés, le jeune homme rejette toutes les charges et campe sur sa position jusqu’à lundi, jour de son procès. “Je ne l’ai jamais violé ni torturé. Tout cela est monté de toutes pièces parce que j’avais menacé de le dénoncer à la police. Il s’est lui-même gravé mon prénom sur la peau pour m’incriminer”, a-t-il soutenu à la barre. Deux témoins à décharge affirment avoir entendu l’accusé et la présumée victime se chamailler à propos du vol de l’argent de la caisse. “Un jour, Mohamed (le plaignant) m’a montré son bras en me disant qu’il allait faire payer Tarik”, a indiqué l’un des deux témoins qui assure avoir été agressé par le plaignant et ses amis après qu’il eut été entendu par la police. Pour l’avocat de la partie civile, l’affaire est claire et les accusations fondées. “Le prévenu a gravé son prénom sur la victime pour signer la possession. Il en faisait ainsi son esclave”, a-t-il affirmé en substance. Affirmations que le ministère public prendra à son compte pour souligner la dangerosité de “ce prédateur qui n’en est pas à son premier crime”. Pour lui, la gravité des faits et le caractère extrêmement dangereux requièrent un châtiment exemplaire “afin qu’il ne s’en prenne pas à d’autres”. La défense, quant à elle, soutient qu’aucune preuve ne soutient les charges qui pèsent sur son client : “Nous ne pouvons nous suffire des accusations du plaignant, il faut des preuves. Or, en matière de preuve, il n’y en a pas.” L’expertise médicale ? “Elle prouve que le plaignant a eu des rapports sexuels mais n’identifie pas mon client.”
Le casier judiciaire ? “Il indique que mon client a été condamné dans une précédente affaire, non pas qu’il soit coupable dans celle-ci.” Quant au prénom gravé sur le bras de la présumée victime, l’avocat est convaincu que Mohamed se l’est infligé lui-même.
Au terme des délibérations, le tribunal a écarté l’accusation de torture pour ne garder que le viol, et a condamné Y. Tarik à huit ans de prison ferme.