Tribunal criminel d’Oran: Dix ans de prison pour les agresseurs du chauffeur de taxi

Tribunal criminel d’Oran: Dix ans de prison pour les agresseurs du chauffeur de taxi

M. Nadir

Tribunal criminel d’Oran: Dix ans de prison pour les agresseurs du chauffeur de taxi

Deux jeunes hommes ont été condamnés, hier, par le Tribunal criminel de 1re Instance d’Oran, à dix ans de prison pour agression d’un chauffeur de taxi et vol de sa voiture.

«Ils ont tenté de m’écraser !», dénonce la victime

Les faits qui remontent à une soirée de novembre 2017 se sont déroulés sur l’avenue reliant l’hôpital pédiatrique de Canastel à la daïra de Bir El-Djir, plus précisément à proximité de l’Agence CNAS. Le chauffeur de taxi, A. Ahmed, qui venait de prendre deux jeunes gens, a soudain près de l’hôpital pour enfants, reçoit des coups à la tête assénés par le client assis à l’arrière. L’homme tente de se débattre mais les deux acolytes réussissent à l’éjecter de la voiture : «Alors que je tentais de m’agripper à la voiture, celui qui a pris le volant a fait marche arrière et m’a écrasé la jambe», racontera, plus tard, la victime qui considère avoir échappé à la mort. A. Ahmed sera retrouvé un peu plus tard gisant sur le trottoir et évacué à l’hôpital pour y subir une intervention chirurgicale à la jambe gauche.

Hormis le membre inférieur abîmé, l’infortuné chauffeur de taxi sera soigné pour d’autres blessures dont une plaie à la tête longue de 8 cm, résultat d’un coup de bouteille. Mais ces préjudices corporels n’auront pas sur lui l’impact qu’entraînera le décès de son père : «Il ne souffrait d’aucune maladie. C’est le choc de mon agressions qui l’a tué», témoignera la victime, en s’appuyant sur une canne.

«Nous étions ivres»

Connus des services de sécurité, les agresseurs B. Hamza, 24 ans, et A. Laïd, 23 ans, seront arrêtés mais la voiture, une Dacia Sandero, ne sera, toutefois, pas retrouvée, les malfaiteurs l’ayant déjà vendue à un intermédiaire du nom de B. Sid Ahmed, toujours en état de fuite. Les suspects seront inculpés par le magistrat instructeur sous les chefs d’inculpation d’association de malfaiteurs, avec l’intention de commettre un crime, selon les articles 176 et 177, alinéa 1, du code pénal, et vol avec violences commis de nuit et en réunion, suivant l’article 353, alinéas 1, 2 et 3.

A la barre ce mardi, les deux accusés ne nieront pas les faits mais rejetteront la charge d’association de malfaiteurs et l’entente préalable à un crime. Ils admettront avoir agressé le chauffeur de taxi en usant de la violence mais ils nieront avoir prémédité l’acte : «Nous étions en état d’ébriété. Nous n’avons pas prévu de commettre cette agression. C’est après être montés dans le taxi que l’idée nous est venue de voler la voiture», soutiendront-ils l’un et l’autre.

Le parquet requiert 15 ans de réclusion

Dans sa plaidoirie, l’avocat de la victime regrettera que le chef d’accusation de tentative de meurtre n’ait pas été retenu pour l’accusation : «Les accusés ont bien tenté de tuer mon client, la preuve en est que le conducteur a opéré une marche-arrière et roulé sur sa jambe. Heureusement que la victime se trouvait sur le trottoir…», affirmera-t-il en estimant que l’article 254 qui porte sur l’homicide volontaire correspondrait mieux aux faits. De son côté, le représentant du ministère public tentera de démontrer qu’il y avait bien une entente préalable pour la perpétration d’un crime. Pour lui, le lieu et l’horaire choisis (route mal fréquentée en début de soirée de novembre) prouvent que les accusés avaient prémédité de commettre un forfait : «Qu’ils tentent de justifier leurs actes par leur état d’ébriété n’est pas acceptable. Il est clair qu’ils étaient montés dans le taxi avec la volonté d’agresser le chauffeur pour voler sa voiture», assénera-t-il, en rappelant, pour soutenir l’accusation d’association de malfaiteurs, qu’ils avaient vendu le véhicule au dénommé B. Sid Ahmed. Le magistrat terminera son réquisitoire en réclamant quinze ans de réclusion et un million de DA contre les accusés.

Pas de préméditation, selon la défense

Leurs clients ayant avoué l’agression et le vol de la voiture, les avocats de la défense tenteront de plaider l’absence d’une entente préalable pour la commission du crime et, par conséquent, de l’association de malfaiteurs. Pour eux, il est question de deux jeunes qui avaient beaucoup trop bu et décidé «sur un coup de tête» de voler la voiture dans laquelle ils se trouvaient : «Ils ont avoué leur crime parce qu’ils regrettent ce qu’ils ont fait», dira l’un des avocats en sollicitant la clémence et les circonstances atténuantes du tribunal. Quant à la tentative d’homicide volontaire suggérée par la partie civile, la défense estimera qu’elle n’a pas lieu d’être : «Nous sommes contraints de nous en tenir à l’arrêt de renvoi et ce document n’évoque pas d’autres chefs d’accusations que ceux prévus par les articles 176, 177, alinéa 1, et l’article 353, alinéas 1 et 3».

Après délibérations, le Tribunal criminel de 1re Instance condamnera B. Hamza et A. Laïd à dix années de prison, peine assortie d’une amende d’un million de dinars ; les condamnés devront, également, verser solidairement à la partie civile 300 millions de centimes. Quant à B. Sid Ahmed, il écopera de 20 ans de réclusion par contumace.