Le jeu trouble du MUJAO
Qui veut amener l’Algérie à intervenir militairement au Mali?
Ce groupe a déjà défié l’Algérie en perpétrant deux attentats-suicides contre les gendarmes dans les wilayas de Tamanrasset et de Ouargla.
Après un black-out total, on assiste à la montée en force des menaces du Mujao, auteur du rapt du consul d’Algérie à Gao et de ses collaborateurs. Cela intervient alors que l’intervention militaire appuyée par plusieurs parties au nord du Mali se précise. Quelques jours après la libération de 3 des 7 otages au courant du mois de juillet dernier, le dossier des otages connaît une véritable escalade ces derniers jours. Ces fulminations pourront être couronnées par la mise à mort d’un des quatre otages encore séquestrés au nord du Mali, si l’on tient compte du dernier message de cette organisation terroriste. Réputée proche d’Aqmi donc épousant ses stratégies, il n’est pas écarté, selon quelques observateurs, que cette escalade vise à amener l’Algérie à soutenir, faire partie ou cautionner une intervention militaire au Mali. C’est aujourd’hui qu’expire l’ultimatum adressé par le Mujao, dont le porte-parole est le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou, aux autorités algériennes avant de mettre à exécution leur macabre menace. L’Agence Nouakchott d’Information (ANI), citant une source du Mujao à Gao, a annoncé avant-hier, que le délai était prorogé jusqu’au 30 août. Le Mujao apparu dans le sillage de la crise malienne est un véritable «Ovni», plusieurs zones d’ombre entourent ce mouvement. Ce groupe a déjà défié l’Algérie en perpétrant deux attentats-suicides contre les gendarmes dans les wilayas de Tamanrasset et de Ouargla et enlevant trois humanitaires occidentaux dans les camps de réfugiés sahraouis dans la wilaya de Tindouf. Très remuant, il a indiqué mardi dernier avoir prolongé de 48 heures l’ultimatum fixé aux autorités algériennes pour satisfaire ses revendications contre la libération des otages qu’il détient depuis le 5 avril dernier, sous peine d’en exécuter quatre. Dans une vidéo présentée par l’AFP dimanche dernier, les ravisseurs, par la voix d’un otages algérien, ont donné un ultimatum de cinq jours aux autorités pour remettre «en liberté des membres d’Aqmi, arrêtés en Algérie».
Dans cet enregistrement vidéo, l’attaché de défense du consulat algérien de Gao, nord du Mali, a imploré les autorités de «lui sauver la vie». A titre de rappel, trois terroristes ont été interceptés la semaine dernière à Ghardaïa par les services spéciaux de sécurité. Parmi ces derniers, figure le chef de la commission juridique d’Aqmi, Necib Tayeb, alias Abderrahmane Abou Ishak Essoufi. Celui-ci serait l’émissaire de Droukdel vers le Sahel pour tenter de réconcilier les différentes phalanges affiliées à Aqmi. Ce pilonnage de messages du Mujao, qui a tout l’air de prendre à témoin l’opinion publique nationale, tranche avec le silence total et assourdissant des autorités algériennes, notamment le département des affaires étrangères. Toutes nos tentatives de joindre le service de «communication» de ce ministère sont avérées vaines. Il n’y a personne au bout du fil quand d’autres numéros de téléphone portable indiquent «hors service» ou bien le correspondant ne décroche pas. On ignore jusqu’aux noms des otages libérés. En fait, depuis la diffusion de l’ultimatum, les autorités algériennes n’ont pas réagi officiellement. Depuis le début, rien n’a filtré de la gestion de cette affaire entourée d’une extrême discrétion. Les pressions de cette organisation terroriste vraisemblablement en perte de vitesse par ses acolytes d’Ançar Eddine de l’ancien combattant touareg Iyad ag Ghali, sont multiples. Deux Maliens membres du Mujao, venant du nord du Mali, avaient été arrêtés par les forces de sécurité le 24 mai dernier, dans la wilaya de Tamanrasset.
Les terroristes n’en sont pas à leur premier coup d’essai, le Mujao proche d’Al Qaîda au Maghreb islamique a exigé auparavant une rançon de 15 millions d’euros, et la libération de plusieurs islamistes détenus. Le mouvement avait même menacé de perpétrer des attentats-kamikazes en Algérie. Récemment encore, certaines informations faisaient état d’une recherche active de deux autres terroristes, d’origine malienne, candidats à des attentats-suicides.