Très faible consommation des budgets d’équipement : Ces milliards qui ne servent à rien

Très faible consommation des budgets d’équipement : Ces milliards qui ne servent à rien

Il y a un «démission généralisée» de l’administration et de la société politique locales par rapport à ce grave problème.

Les fonds destinés aux programmes communaux de développement seront considérablement renforcés pour 2018. Le Premier ministre qui en a fait l’annonce lors de la présentation du plan d’action du gouvernement, entend faire de cet important apport financier l’un des leviers du développement local.

L’objectif de l’Exécutif est de dynamiser l’activité au niveau des communes, à travers l’amélioration des conditions de vie des citoyens et la création d’emplois. Il reste le fait que le voeu du Premier ministre pourrait ne pas se réaliser, au vu de l’expérience passée de la grande majorité des communes de la République.

Il a été établi, en effet, que le taux de consommation des budgets en rapport avec les PCD, notamment, frise le ridicule. La moyenne nationale tourne autour de 40%, mais on peut trouver dans certaines communes des chiffres ahurissants tournant autour des 2% seulement.

Les équipes d’élus qui se relaient aux manettes des Assemblée populaires communales donnent l’impression de fonctionner avec le même logiciel. Sitôt arrivées aux affaires, elles ne semblent pas trop se soucier du bilan des prédécesseurs, ni réaliser un audit de leur commune. Ce sont plutôt les «chamailleries» qui occupent les esprits des uns et des autres.

L’écrasante majorité des maires ne se soucie pas de ce qu’il faut entreprendre pour mettre en application les promesses électorales. Il faut dire que les édiles se comportent comme de petits présidents qui pensent avoir tout compris sitôt le suffrage exprimé en leur faveur. L’administration qui gère la commune n’a de sens que pour les servir. Le propos est peut-être dur, mais les faits de terrain ne peuvent avoir d’autres explications. Et le phénomène est transversal. Qu’importe la couleur politique de l’élu, son comportement face à la gestion de la chose publique est le même, aux quatre coins du pays.

Cet état de fait pourrait être compréhensible au lendemain de la démocratisation du pays. Mais près de 30 années après, il est tout à fait inadmissible de voir des APC faire du surplace et la grogne sociale prendre de l’ampleur, au moment où des fonds, destinés à solutionner des problèmes urgents, dorment dans les caisses de l’Etat, en raison de l’incompétence des élus, des secrétaires généraux de mairies et des chefs de daïra. Dans l’échec évident des communes à mouvementer des fonds qui leur sont dédiés, un partage de responsabilité qui n’a, jusqu’à aujourd’hui, pas été identifié. De fait, l’annonce de Ahmed Ouyahia pourrait n’avoir que très peu d’effet sur le terrain, en raison, justement, d’une «démission généralisée» de l’administration et de la société politique locales par rapport à ce grave problème qui mine le développement de l’ensemble des communes du pays. Plus encore, il y a dans l’attitude de tous les gouvernements qui se sont succédé à la responsabilité du pays, une certaine légèreté vis-à-vis de cette question de faible consommation des budgets. Le constat est fait d’année en année, mais on n’a pas vu poindre une probable solution, puisque jusqu’en 2017, le phénomène persiste. Les prochaines Assemblées populaires communales seront confrontées au même environnement que les précédentes. Elles ne peuvent que reproduire les mêmes erreurs.