Que sont devenus les 40 milliards de dinars destinés à protéger les villes du pays?
Les premières pluies qui se sont abattues sur les wilayas du nord du pays ont provoqué, dans la capitale, d’immenses désagréments aux citoyens. Il a suffi d’une nuit de pluie pour mettre à nu le travail bâclé en matière d’infrastructures routières. Plusieurs trémies ont été, en effet, inondées et obstruées par les eaux, au grand dam des automobilistes qui ont été piégés dans des embouteillages monstres de plusieurs kilomètres.
La circulation au niveau de l’avenue de l’ALN a été carrément impossible à cause d’une flaque d’eau à hauteur d’El Hamma. Les usagers de ce tronçon ont dû passer plusieurs heures avant de rejoindre le centre d’Alger. Pour rallier Bab Ezzouar, à Alger, il a fallu deux heures! A Bach djerrah et à Bab El Oued où les citoyens ont dû se rappeler les sinistres inondations de 2001, la situation n’a pas été très différente, des avaloirs bouchés et des flaques d’eau ayant complètement inondé la chaussée. Courroucés, les citoyens ont dénoncé à Bachdjerrah les défaillances des réseaux d’évacuation et le laisser-aller des autorités.
La circulation du tramway a été également touchée par cette perturbation. Les habitués de ce moyen de transport ont été surpris du fait que le tram ne pouvait dépasser la station «Cinq-Maisons». Le tramway ne pouvait rejoindre la station de «Ruisseau». A cela, il faut ajouter les effondrements d’habitations dans certains quartiers comme cela a été le cas à Kouba.
Pourtant, ce ne sont là que les premières averses qui n’ont pas duré plus d’une nuit. L’on se demande de quoi sera fait l’hiver et avec quels moyens les autorités vont faire face à d’éventuelles mauvaises surprises de la nature. La qualité du travail qui laisse à désirer et les expériences passées n’ont pas été d’une quelconque utilité pour les responsables. Car, si une goutte de pluie a provoqué le blocage des routes, qu’en sera-t-il avec des pluies plus denses et plus intenses?
Les Algérois n’arrivent pas à s’expliquer toutes ces défaillances. Où va l’argent réservé par l’Etat à cet effet? La question mérite d’être posée quand on sait que le gouvernement a réservé un budget de quelque 40 milliards de dinars dans le cadre de son programmes quinquennal 2010 – 2014, destiné à protéger les villes du pays contre les inondations. Où est la carte de toutes les zones inondables en Algérie qui permettra d’identifier clairement les zones à risque? Où est cette nouvelle législation promise par le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, et qui devait permettre aux autorités locales d’obtenir des prêts bancaires pour leurs efforts de secours aux victimes? Des questions qui n’auront probablement jamais de réponse. En attendant, des sommes colossales sont englouties à chaque catastrophe naturelle. Ainsi le tremblement de terre qui a frappé Chlef en 1980 a occasionné deux milliards de dollars de pertes, celui de Mascara en 1994 a coûté 50 millions de dollars. Les inondations de Bab El Oued en 2001 ont valu plus de cinq millions de dollars au Trésor public. Le tremblement de terre de Boumerdès, en mai 2003, reste la catastrophe naturelle la plus dévastatrice en termes de pertes matérielles, avec plus de 5 milliards de dollars de dégâts recensés. Et ce n’est pas fini!