Le ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaâlane, a présidé hier au siège de son département une rencontre nationale des cadres supérieurs des secteurs (transports et travaux publics) ainsi que les directeurs exécutifs des wilayas. Cette rencontre est destinée à faire un état des lieux des secteurs des travaux publics et des transports au niveau centralisé pour ensuite examiner les projets, wilaya par wilaya.
Dès l’entame, Zaâlane fait le bilan du Président Bouteflika depuis sa prise de pouvoir en 1999 signalant que 130 milliards de dollars ont été investis avant de détailler ces réalisations. Selon lui, la liste des grandes réalisations présidentielles comprend les 1 200 km de l’autoroute Est-Ouest, 24 000 km de routes nouvelles, 24 000 km de voies ferrées, 6 nouveaux aéroports, 20 ports et abris de pêche, 18 km de ligne de métro, maintenance des routes de 7 villes, 10 lignes de téléphériques, le renouvellement et la modernisation des flottes maritime et aérienne, l’instauration du transport urbain et semi-urbain et par rail ainsi que les infrastructures d’accueil des voyageurs.
Après avoir énuméré ces réalisations, le ministre a fait une intrusion dans le domaine politique pour fustiger tous ceux qui seraient tentés de discuter sur l’opportunité et le volet technique de ces projets ou leurs coûts réels. «Nous considérons que ces réalisations sont des témoins contre les esprits malhonnêtes qui seraient tentés de diminuer de l’importance qu’accorde le président de la République aux secteurs des travaux publics et des transports qui constituent la locomotive du développement économique et qui sont également des instruments essentiels pour la réalisation de croissance équitable et le développement homogène du territoire», dira-t-il. Un peu plus tard, au cours du point de presse qu’il a animé, le ministre a été questionné sur, d’une part, le retard qu’enregistre l’achèvement de la partie de l’extrême-est du pays (84 km) de cette voie express et le tunnel de Djebel-Ouahch et, d’autre part, sur le coût global de cette réalisation. Pour la première question, après avoir fourni quelques indications techniques, il a affirmé, dans sa réponse, qu’ils (84 km et le tunnel) seront réceptionnés en 2019.
S’agissant de la facture de l’autoroute, Zaâlane a déclaré que le coût global n’a pas encore été arrêté puisque d’autres travaux (stations de maintenance et de péage) ne sont pas encore achevés.
Un programme au-delà de 2020
Pour revenir à son intervention devant les cadres dirigeants des deux secteurs, le ministre a décliné une feuille de route en 5 grands chapitres. Il s’agit de la poursuite de l’exécution du programme du président de la République, l’amélioration des bases de la gestion administrative, la gestion efficiente des projets, la priorité à la maintenance du patrimoine et l’amélioration des prestations. A décortiquer le contenu de chaque chapitre, force est de constater que Zaâlane a arrêté un programme dont la concrétisation s’étalera sur plusieurs années sans tenir compte de ce qu’il pourrait advenir en 2019.
Priorité à la finalisation des projets en cours et maintenance du patrimoine
A la question sur l’état des routes, le ministre répondra : «Durant la période passée, un grand patrimoine a été constitué. L’âge de la route est de 10 ans, quelles que soient ses normes de réalisation. Donc, la maintenance doit être, à l’avenir, plus importante que la réalisation. L’Algérie compte 126 900 km de routes, dont 30 000 km de RN. Les normes internationales nous imposent annuellement la maintenance de 10% de ce patrimoine. Avec la crise économique et le rétrécissement des budgets, les enveloppes destinées à la maintenance diminuent. En 2019, la maintenance sera prioritaire. » A ce propos, le ministre a annoncé l’affectation de 400 milliards de centimes pour des travaux de maintenance du réseau routier autour d’Alger notamment la seconde rocade (Boudouaou-Zeralda) qui est dans un état de grande dégradation.
Cette voie express dont les travaux ont été lancés en 2008 a été ouverte à la circulation en 2011 sans l’achèvement d’un grand ouvrage d’art (OA52), toujours en construction, au niveau de Ouled-Moussa, dans la wilaya de Boumerdès. D’ailleurs, le wali de Boumerdès, qui l’a inspectée la semaine écoulée, l’a qualifiée de «chantier hideux».
Seconde priorité de Zaâlane, c’est l’achèvement des projets qui ont été lancés mais qui ne sont pas en cours. Il fait allusion au projet routier Chiffa-Berrouaghia, qui est, d’après lui, stratégique pour le Sud. Il a affirmé qu’il sera réceptionné début 2019. Il cite, en outre, dans cette liste d’autres travaux sur l’autoroute Est-Ouest, la RN1, la RN entre Reggane et Bordj-Badji-Mokhtar. «L’accent sera mis sur le désenclavement des agglomérations du Grand Sud pour mettre en place des interconnexions entre elles. 16 500 km de routes seront destinés exclusivement à la sécurisation des frontières.»
L’utilisation du ciment n’est pour l’heure pas exclue dans la conception des routes dans le Sud. A notre question sur des points de l’autoroute Est-Ouest qui causent un grand nombre d’accidents mortels, le ministre nous dit que son département exploite tous les rapports de la Gendarmerie nationale avant d’asséner : «97% des accidents sont dus au facteur humain.»
N’oublions pas que l’Etat a investi des milliards de dollars pour un gain de temps et de sécurité. Ce n’est pas le cas dans ces points noirs et spécialement ces points, pas d’autres endroits de cet axe routier. Or, les autorités refusent d’écouter des techniciens qui disent que la conception pourrait être améliorée pour atténuer le nombre des accidents concernant ces points noirs.
Abachi L.