Les efforts pour réduire le nombre d’enfants travaillant dans le monde se sont «relâchés» entre 2004 et 2008, n’aboutissant qu’à une baisse de 3% de leur nombre durant cette période, selon un rapport du Bureau international du travail (BIT) publié samedi.
Le BIT s’inquiète de notamment la progression du travail infantile en Afrique subsaharienne où un enfant sur quatre est employé, le privant d’accès à une scolarisation normale.
Le document diffusé à la veille d’une Conférence mondiale sur le thème organisée à La Haye, révèle que 215 millions d’enfants étaient économiquement actifs en 2008, contre 222 millions en 2004 et 245,5 millions en 2000. Il constate également que 115 millions d’enfants ayant entre 5 et 17 ans restent soumis aux pires formes de travail, mettant en péril leur santé et leur sécurité.
Parmi les quelques progrès malgré tout enregistrés ces dernières années, le nombre de filles travaillant a globalement marqué le pas, reculant de 15% et même de 24% pour celles soumises à des travaux dangereux.
Par ailleurs, les petits travailleurs âgés de 5 à 14 ans sont également moins nombreux (-10%) et moins fortement soumis à des travaux dangereux (-31%).
Ces améliorations sont toutefois entachées par la progression de 7% de l’emploi des garçons (127,7 millions) ainsi que par la situation «alarmante» des 15-17 ans, dont l’emploi, souvent légal, a bondi de 20% à 62 millions, selon le BIT. La région «Asie-Pacifique» reste celle où le plus grand nombre d’enfants travaillent (113,6 millions) en dépit de récents progrès.
En Afrique, dans certains pays comme le Mali, «plus de la moitié des enfants travaillent», a précisé devant la presse un responsable du Programme international pour l’abolition du travail des enfants (IPEC) au BIT, Frank Hagemann. L’agriculture demeure le secteur qui emploie le plus d’enfants (60%), ainsi que celui des services (25,6%) puis plus faiblement l’industrie (7,0%).
Mais la grande majorité ne rémunère pas ces employés, 80% des enfants travaillant dans le monde n’étant pas payés selon le BIT.
Alors qu’en 2006 l’agence onusienne s’était fixée pour objectif d’éliminer les pires formes de travail des enfants d’ici 2016, «les progrès sont irréguliers: ni assez rapides, ni suffisamment étendus pour atteindre les buts que nous nous sommes fixés», a reconnu le secrétaire général du BIT Juan Somavia, cité dans un communiqué. «Nous devons faire de nouveaux efforts à grande échelle. La situation exige une campagne redynamisée», a-t-il souligné.
Cette nouvelle impulsion devrait être au coeur de la Conférence de La Haye prévue les 10 et 11 mai. «Nous n’avons pas d’excuse, car nous savons ce qu’il faut faire dans la majorité des cas», a martelé la directrice de l’IPEC, Constance Thomas, citant notamment des programmes sociaux gouvernementaux pour les familles les plus vulnérables. Elle reconnaît toutefois que la crise pourrait «freiner davantage» les efforts.