Le Réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant (Nada), en collaboration avec l’ONG américaine MIPI, lance une campagne de sensibilisation sur le travail illégal des enfants, notamment dans le marché noir.
Sous le slogan « L’éducation sociale et économique des enfants et des adolescents pour contrer l’exploitation des enfants dans le marché parallèle», cette campagne s’étalera sur une année et touchera cinq willayas. Elle vise à sensibiliser «les familles sur le travail des enfants dans le marché noir», a indiqué, hier à Alger, le président de Nada, Arar Abderrahmane, lors de la présentation de cette opération.
« Les parents sont les premiers responsables du travail des enfants, et nous voulons aller vers une opération de proximité avec eux », a expliqué M. Arar. Cette campagne de sensibilisation, souligne-t-il, fait suite à un «long travail de terrain mené sur l’ensemble du territoire national par le réseau Nada et qui nous a permis de constater que non seulement les parents encouragent ce genre de pratique, mais qu’aussi les enfants sont soumis à de lourdes charges de travail ».
Selon le président du réseau Nada, c’est dans la contrebande aux frontières, dans les chantiers de construction, dans les marchés de gros de fruits et légumes et aussi sur les autoroutes en tant que vendeurs ambulants, que l’on croise le plus d’enfants travailleurs. A cette liste, s’ajoutent les emplois saisonniers, ceux effectués lors de la rentrée scolaire ou durant les fêtes religieuses, périodes qui voient la demande flamber et les propriétaires de magasin obligés de recruter une main – peu coûteuse. Assurant qu’il représente « un danger pour la construction d’une société saine, au même titre que le harcèlement moral sur les enfants », le travail des enfants conduit à « la délinquance », ajoute M. Arar. L’enfant travailleur est aussi exposé au « harcèlement sexuel», prévient-il.
La protection des enfants est l’affaire de tous, soutient le même responsable, citant « la société civile, les services de l’ordre, les pouvoirs public et l’ensemble de la société ». Dans ce sens, il interpelle le gouvernement, en particulier le ministère du Travail, sur la nécessité de réformer au plus vite le code du travail.
« Je profite de cette occasion pour lancer un appel au ministère du Travail pour que des réformes soient rapidement apportées au code du travail et l’emploi des enfants », insiste M. Arar, tout en appelant aussi les pouvoirs juridiques à renforcer la protection des enfants. Selon lui, le système économique de l’Algérie n’est pas la cause de la croissance que connaît le phénomène. « Les politiques économiques n’ont rien à voir avec la question du travail des enfants dans le marché parallèle, puisque c’est interdit par les institutions internationales », fait-il remarquer, avant de rappeler que « l’Algérie a ratifié toutes les conventions internationales en rapport avec la protection des enfants ». De son côté, M. Boussena, représentant du ministère de la Solidarité nationale et de la Condition féminine, affirme que depuis l’Indépendance, les gouvernements qui se sont succédé en Algérie, ont pris la question de la protection de l’enfance très au sérieux.
«Depuis l’Indépendance, l’Algérie a mis en place des structures de défense des droits des enfants ». Mais, regrette-t-il, « le citoyen refuse de recourir à ces dernières ». Emboitant le pas à M. Arar, M. Boussena considère, à son tour, que «les parents sont les premiers responsables du travail des enfants».