Selon le propriétaire de la cafétéria qui a fait l’objet d’intrusion policière mardi, à Akbou, c’est le chef de sûreté de daïra lui-même, accompagné par un officier de police, qui a orchestré la descente et défoncé la porte de secours de l’établissement.
L’intolérance a encore frappé, mais cette fois-ci de la main d’un corps constitué, à savoir la Police nationale. C’est la première prouesse enregistrée par les éléments d’Abdelghani Hamel, en ce début du mois de Ramadhan, et qui a consisté à débusquer une trentaine de non-jeûneurs invités à une cérémonie organisée par le patron d’une cafétéria, à Akbou, dans la wilaya de Béjaïa. Il fallait vraiment aller les chercher, puisque, selon le propriétaire des lieux, Nadjib Ikken, joint hier par téléphone, son commerce se trouve carrément en bas de la ville et le rideau était totalement baissé.
Selon lui, il était 13h30, lorsque, mardi, le chef de la sûreté de daïra d’Akbou, accompagné d’un officier de police qu’il décrit “zélé”, défonce la porte de l’issue de secours et entre par effraction dans la cafétéria. Il affirme qu’aucun mandat de perquisition ne lui a été présenté. “Il y avait une trentaine de personnes dans la salle. Des clients habitués des lieux, que j’ai invités ce jour-là, pour une cérémonie. Ils étaient choqués par l’intrusion musclée, en plus du fait que les policiers voulaient à tout prix les dessaisir de leurs pièces d’identité”, témoigne-t-il. Mais ce qui semble le plus incommoder le propriétaire, c’est qu’il pouvait se trouver en famille au moment de la descente policière. “Imaginez un instant si ma femme était seule sur les lieux en train de faire le ménage”, dit-il. Nadjib Ikken et ses invités ne se sont pas pour autant laissé faire. “Nous avons résisté et bon nombre de mes invités ont refusé de leur remettre leurs pièces d’identité. Personnellement, je leur ai dit que même si le rideau était ouvert, aucune loi de la République n’interdit ce genre de commerce pendant le mois de Ramadhan et durant la journée. J’aurais aimé qu’ils aillent traquer ceux qui commercialisent de la drogue dans les lieux de débauche plutôt que de venir s’en prendre à un honnête commerçant qui dispose d’un registre du commerce et qui paye ses impôts”, ajoute-il.
Des propos qui ont fait attirer au patron des lieux les foudres des représentants de la loi. “L’officier de police qui accompagnait le chef de sûreté de daïra avait un comportement indigne de la tenue qu’il portait. Il m’a dit : ‘Vous ne savez pas à qui vous avez affaire. Je suis un enfant de l’Abattoir (un quartier chaud de Bordj Bou-Arréridj).’ Voilà qui honore le corps de police”, témoigne, encore une fois, Nadjib Ikken.

Par ailleurs, et selon Sofiane Aldjène, un militant actif des droits de l’Homme à Akbou, le groupe de citoyens, qui s’était déplacé quelque temps après à la sûreté de daïra pour demander des explications, n’a pu obtenir aucune réponse. “Un des adjoints du commissaire leur a dit qu’il n’était pas au courant de cette descente. Il ignorait s’il y avait ordre hiérarchique de le faire. Le chef de sûreté de daïra avait fait visiblement une descente dans la cafétéria avant de se rendre au bureau”, indique-t-il.
Contactée, la cellule de communication de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a promis de donner des explications. Malgré l’insistance de Liberté, aucune réaction et encore moins le moindre communiqué n’a été rendu public en fin de journée.
M.