Au moment où les forces tunisiennes traquent deux groupes islamistes armés, près de la frontière algérienne, l’un sur le Mont Chaâmbi et l’autre plus au nord dans la région du Kef, on assiste à des mouvements de troupe et à des survols fréquents au-dessus des wilayas de Souk-Ahras et de Tébessa par l’aviation militaire, notamment au moyen d’hélicoptères.
Des avions de chasse ont été aussi mis à contribution pour le balayage de ces zones mais à une fréquence plus discrète, constate-t-on, ce qui a tout même attiré l’attention des populations locales, lesquelles ont vite fait le lien avec les évènements inquiétants qui se déroulent en territoire tunisien.
Des sources sécuritaires, que nous avons contactées, ont tenté de minimiser l’ampleur du dispositif de sécurité déployé à des survols de routine, tout en indiquant que la prévention et la prudence sont de mise, tout de même. Nos interlocuteurs ont précisé que les appareils des forces aériennes, hélicoptères et avions de chasse ont pour mission, depuis des années, d’effectuer des vols de surveillance au niveau de tout le territoire national et tout particulièrement au long des milliers de kilomètres de nos frontières. Ceci, en ajoutant que la frontière algéro-tunisienne est plus attentivement contrôlée depuis la multiplication des actes terroristes dans la wilaya de Tébessa et plus précisément dans la région de Negrine, il y a quatre ans.
L’attentat perpétré, le 19 mars 2009, dans cette daïra située à un jet de pierre de la Tunisie voisine, faisant un mort et deux blessés graves, et les deux autres exactions meurtrières, qui ont ciblé au total une dizaine de victimes civiles à la même époque, ont fini par convaincre les autorités que le GSPC s’acharne sur cette région afin de desserrer l’étau dont il fait l’objet dans le centre du pays où plusieurs de ses membres ont été neutralisés.
Toujours selon nos sources, les groupes terroristes qui activent toujours dans la région, notamment sur l’axe Houidj’bet-Oum Ali-El Ma Labiod, auraient des relais avec les groupes armés tunisiens et pourraient faire profiter ceux-ci de leur relative connaissance du terrain. Cette zone, autant que d’autres, d’ailleurs, avait été classée rouge par l’État algérien, d’où un renforcement important de la ceinture sécuritaire, sous forme d’une forte présence des éléments de l’ANP, qui est ainsi entré en vigueur depuis, signalent des sources sécuritaires. Nous apprenons, en outre, que ce qu’il est convenu d’appeler “pré-dispositif” aérien mis en place par l’armée de l’air algérienne au niveau des zones frontalières sensibles ne concerne pas uniquement les mouvements des groupes terroristes, mais aussi les trafiquants de tout acabit. Le général-major, Ahmed Bousteila, s’est déplacé de son côté, rappelons-le, en décembre dernier, aux frontières est du pays, où il s’est enquis du degré de préparation et de mobilisation des gendarmes et gardes-frontières (GGF).
Il a procédé, en la circonstance, à l’inauguration de postes avancés sur la bande frontalière à Tébessa et Souk-Ahras. “L’Algérie ne négociera pas avec la sécurité et la stabilité de son territoire. Quel que soit le profil de l’ennemi et quelle que soit son idéologie, la sécurité du sol algérien passe avant tout”, avait alors notamment déclaré le général-major aux cadres du corps de gendarmerie en insistant sur l’importance que doit revêtir la couverture sécuritaire du pays.
D’autre part, les gendarmes gardes-frontières demeurent très vigilants, suite à l’activité en hausse des groupes terroristes et face, aussi, à la montée de la contrebande et celle du trafic d’armes. S’agissant du trafic d’armes, il est important de rappeler l’intéressante saisie opérée, il y a quelques jours seulement, par les gendarmes de la section de recherches d’Annaba, lors du démantèlement d’un vaste réseau de trafic d’armes, lors duquel ces derniers avaient, rappelons-le, saisi 30 fusils de guerre dotés de lunettes de visée et un lot de paires de jumelles avec infrarouge.
A. A