Annoncé en grande pompe pour aujourd’hui, le tronçon de la ligne de tramway devant relier Bordj El-Kiffan à la Cité Mokhtar-Zerhouni (Les Bananiers) sur une longueur de 7,2 kilomètres, sera enfin opérationnel… avec toutefois un retard de presque deux années.
Prévu pour fin 2009, le tramway conçu pour faciliter la vie aux habitants de la banlieue Est de la capitale, puisqu’il permettra à ses usagers d’éviter des encombrements au niveau de ces agglomérations à forte densité démographique, n’est livré qu’en partie. Car sur le parcours des 23,2 kilomètres sur lesquels il est prévu de circuler, moins du tiers (1/3) de la distance est pour le moment livrée. Quant au reste, aucune date n’a pour l’heure été fixée. Même si la population ne doute pas de son utilité une fois entièrement mis en service, les travaux du tramway constituent depuis leur lancement un véritable cauchemar pour les automobilistes qui mettent parfois des heures pour quelques petits kilomètres. En réalité, les complications engendrées par les travaux engagés dans le cadre de la réalisation du tramway viennent s’ajouter à la vétusté du réseau routier qui met à mal aussi bien les nerfs des chauffeurs que la mécanique, notamment en période hivernale lorsque les pluies s’abattent sur la capitale.
Le coût du tramway fait aussi l’objet d’interrogations de la part des Algériens. Les responsables du projet parlent en fait de 35 milliards de dinars, comme enveloppe allouée au tram. Cependant, il est connu que dans tout projet, les retards dans la réalisation engendrent incontestablement des surcoûts, d’autant plus que le tramway d’Alger n’est pas encore tout à fait fini.
Malgré le coup de pub médiatique que le ministère des Transports souhaite lui donner, l’exploitation commerciale du tronçon de la ligne du tram qui prend effet à compter d’aujourd’hui ne semble, en revanche, pas intéresser les Algériens outre mesure. Cette occasion leur rappelle la série d’annonces faites depuis des années sur le lancement imminent du métro d’Alger qui n’est pas près de voir le bout du tunnel.
Le métro, une livraison renvoyée aux calendes grecques
Lancé au début des années 1980, abandonné dans les années 1990, puis relancé en 1996, le métro d’Alger patine encore, à tel point que les Algérois n’y croient presque pas du tout. Depuis son premier lancement, l’imminence de son lancement a été évoquée une quinzaine de fois, mais à peine l’échéance avancée arrivée à son terme qu’une autre est déjà annoncée pour être à nouveau ajournée, et ainsi de suite.
De la crise financière qui a sévi en Algérie vers 1986, au terrorisme qui a frappé le pays en passant par des justifications d’ordre géologiques telle l’existence de roches sur le tracé du métro ou l’infiltration d’eau de mer dans les tunnels, on dirait que les responsables du secteur du département des Transports, notamment de l’Entreprise du métro d’Alger (EMA), ne semblent jamais à court d’arguments et ne manquent surtout pas d’ingéniosité.
Au moment où les Algérois espéraient voir un jour le métro passer dans les entrailles de la terre de leur ville, ils se réveillent devant une découverte archéologique qui renvoie encore une fois «leur» métro aux calendes grecques. En 2009, en entreprenant des travaux au niveau de la place des Martyrs, on découvre à 7mètres de profondeur une basilique romaine datant du 4e siècle.
Le ministère de la Culture se saisit de l’affaire et impose alors la modification des plans de la station principale pour préserver les trésors archéologiques.
Outre «les difficultés» d’ordre technique évoquées ici et là, un désaccord entre l’Entreprise du métro d’Alger (EMA) et la Régie autonome des transports parisiens (RATP), a éclaté au grand jour.
Se rejetant la balle, le désaccord sur une affaire de finances aurait même nécessité l’intervention du ministre de l’Industrie, Mohamed Benmeradi, et l’envoyé spécial du président français en Algérie, Jean-Pierre Raffarin.
Par Hafid Mesbah