Les voyageurs étaient, hier, contraints de payer leur ticket de transport urbain plus cher que d’habitude. Joignant l’acte à la parole, des transporteurs ont revu à la hausse la tarification. Ils ont augmenté le ticket de 5 DA alors que les transporteurs suburbains l’ont majoré de 10 DA.
Pourtant, le ministre des Transports, Amar Tou a exclu, jeudi dernier, dans une déclaration faite en marge de la clôture de la session d’automne parlementaire, toute augmentation des tarifs des transports publics durant les prochains jours.
«Cela ne se fera que par décision du ministère et qu’après concertation avec l’ensemble des parties concernées, afin de trouver un juste milieu entre les intérêts du citoyen, d’une part, et ceux des transporteurs d’autre part», avait affirmé M. Tou. A la même occasion, il a appelé les transporteurs à faire preuve de «sagesse tout en respectant l’Etat et les intérêts du citoyens».
Un appel tombé dans l’oreille d’un sourd. Les transporteurs sont déterminés à «améliorer leur situation sociale». Toutefois, leur représentant, l’Union nationale algérienne des transporteurs (UNAT) «dégage toute responsabilité » vis-à-vis de la décision de certains de ses adhérents tout en la qualifiant de «légitime».
«Nous ne dirons pas aux transporteurs de ne pas augmenter les tarifs. Et le ministre n’a pas le droit de refuser ou d’interférer pour la simple raison que les prix du transport sont libres», observe Mohamed Benkahla, secrétaire générale de l’UNAT. Il se réfère ainsi à l’ordonnance 03/03 de juillet 2003 relative aux activités commerciales et à la concurrence. «Le transporteur ne peut plus travailler à perte», justifie-t-il.
L’augmentation de la tarification s’impose d’elle-même, a-t-il noté avant d’ajouter que les charges se sont alourdies. Il cite à titre d’exemple l’assurance, les prix des lubrifiants et des pièces détachées. La revalorisation du SNMG à 18 000 DA constitue, également, une charge importante pour les transporteurs dans la mesure où celle-ci engendrera la hausse des salaires des chauffeurs de bus et des receveurs ainsi que la marge de la cotisation à la caisse d’assurance (Casnos).
Outre cela, les transporteurs privés dénoncent la ségrégation dont ils se disent victimes. «Il est inconcevable que le transport public verse 7% de TVA et le privé 17%», a déploré M. Benkahla avant d’enchaîner que «l’Etusa, qui a bénéficié d’une mise à niveau et de crédits d’exploitation, commence avec un tarif de départ à 20 DA alors que le privé est astreint à ne pas dépasser les 15 DA». Le SG de l’UNAT a fait savoir que l’Union a saisi les autorités concernées en vue d’aligner la tarification des deux secteurs, public et privé.
Une étude, selon lui, a été faite dans ce sens par le ministère des Transports en 2005. «Les décisions prises dans ce cadre ne sont pas appliquées à ce jour», observet- il, avant de souligner que la tutelle a été également saisie pour cesser les affectations de lignes. La capitale, à elle seule, compte pas moins de 60.000 bus urbains et suburbains.
Wassila Ould Hamouda