Transport public urbain : Où est le dispositif d’accès pour les handicapés ?

Transport public urbain : Où est le dispositif d’accès pour les handicapés ?
Le bus de transport urbain de l’ETUSM  arrive  à un arrêt, les portières s’ouvrent, quelques passagers descendent. En bas, un handicapé dans un fauteuil roulant  cherche à monter, son geste est impossible. Des passagers accourent  pour l’aider avec tant de difficulté….Pareille scène doit se passer tous les jours que Dieu fait. Elle témoigne  que pour une personne handicapée moteur,  se déplacer en ville reste encore de nos jours un véritable calvaire. Cette catégorie sociale endure  ainsi une véritable souffrance  au quotidien pour se rendre à son lieu de travail ou tout simplement pour vaquer à ses occupations ordinaires de tous les jours. Les moyens de transport aujourd’hui à gogo ne lui profitent pas comme ils profitent au reste des citoyens. Son autonomie en matière de déplacement est pour le moins compromise. C’est la conséquence  d’une conception du transport urbain  qui s’avère peu regardante envers cette catégorie sociale défavorisée. Beaucoup voit dans cette réalité amère une discrimination qui ne doit pas laisser indifférent.  Dans les rangs  des transporteurs privés, on ne le cache pas. On le dit même sans gêne aucune. La question des handicapés moteurs, comme bien d’autres questions d’ailleurs, ne figure pas parmi leurs soucis. Chez le transporteur public, l’ETUSM, c’est un son de cloche différent. Un receveur nous révèle  que quelques bus sont munis d’un dispositif pour assister les handicapés en fauteuil roulant. Mais selon lui,  certains sont endommagés à cause de la mauvaise qualité de la chaussée. En expliquant que  « le dispositif, situé au ras du sol,  est vite  bousillé par  les bosses des chaussées accidentées ». Le directeur de cette entreprise confirme, pour sa part,  que son parc compte  trois bus munis de dispositif pour les handicapés moteurs. Mais il ne promet rien au sujet de la généralisation de ce genre de bus pour la ville. La question ne  dépend pas de lui, selon ses propos. Il semble même avoir de la peine à acquérir des bus ordinaires pour renforcer sa flotte et tenir ses engagements en matière de couverture de la ville et de sa banlieue. Sur le plan législatif, le législateur algérien n’a pas oublié la catégorie sociale des handicapés moteurs. La loi relative à la protection et à la promotion des personnes handicapées met clairement en évidence les devoirs des pouvoirs publics et de la société dans  son ensemble vis-à-vis de cette frange de la société. Elle dit en substance : « afin de favoriser l’insertion et l’intégration des personnes handicapées dans la vie sociale, de faciliter leur déplacement et d’améliorer leurs conditions de vie et de bien-être, des dispositions visant la suppression des barrières entravant la vie quotidienne de ces personnes sont mises en œuvre notamment en matière : (…) d’accessibilité aux moyens de transport, (…) ». Force est de constater que dans ce cadre,  cette loi, datant de l’année 2002,  demeure encore un  texte sans prise réelle sur le terrain, faisant de l’insertion sociale et de l’autonomie des personnes à mobilité réduite criées sur tous les toits  un vœu pieux.
A. Mokhtar