Actuellement, 98% du transport maritime de marchandises vers l’Algérie est assuré par des compagnies étrangères avec une ardoise moyenne de 4 milliards de dollars par an.
La perte de l’ancienne flotte de la marine marchande algérienne est » un désinvestissement qui a concerné toute l’Algérie « . Le transport maritime va mal.
La création de ports secs serait un autre avatar de ce mal qui ronge ce secteur, à en croire Mohamed Benboushaki, président du groupement portuaire et directeur de la marine marchande et des ports au ministère des Transports. Il a annoncé, hier, le gel de la création de nouveaux ports secs sur décision du CPE du 15 février dernier pour réaménager la gestion des surfaces de stockage extra-portuaires.
Il a expliqué, hier, dimanche, à la radio nationale que la création des ports secs qui coûtent au Trésor public deux milliards de dollars par an a été décidée par les pouvoirs publics à travers un Conseil interministériel en 2009 pour désengorger le port d’Alger qui étouffait. Mais, il précise qu’à l’époque, » c’était permettre aux entreprises portuaires d’ouvrir ces ports secs à Alger seulement « . Par la suite, ils se sont multipliés dans les autres régions du pays. Aujourd’hui, il existe 15 ports secs pour le port d’Alger seulement. » Nous avons tiré la sonnette d’alarme, car les tarifs étaient prohibitifs et sont passés du simple au double « , a-t-il dit. » Les gestionnaires des ports secs imposent des tarifs quatre, voire cinq fois plus élevés « , que ceux appliqués par les entreprises portuaires.
Dans la même foulée, » les conteneurs traités dans les entreprises portuaires ont été multipliés par cinq par les ports secs, donc, les ports perdent énormément d’argent « , ajoute Benboushaki qui a déclaré que » ce qui a été décidé le 15 février dernier, c’est de geler l’octroi des demandes d’ouverture de ports secs « . » On ne donne plus et on n’ouvre plus » de ports secs, a-t-il affirmé. Pourtant, la décision de mettre un frein à la création de ports secs, créés en 2011 par directive du DG des douanes, a été déjà annoncée en avril dernier par l’exministre des Finances, Mohamed Djellab.
Il avait annoncé, le 2 avril 2015, devant les parlementaires que l’administration des douanes avait suspendu la délivrance des autorisations de création de ports secs aux opérateurs du commerce extérieur dans le cadre d’un plan de réorganisation de ces espaces destinés au stockage de conteneurs, précisant que cette décision, en vigueur depuis fin février 2015, se poursuivra jusqu’à l’achèvement de l’opération d’évaluation de ces espaces pour déterminer leur capacité d’adaptation aux besoins actuels. Pour lui, » les douanes oeuvrent à travers cette opération à la révision de la répartition géographique afin de réaliser un plus grand équilibre et pourvoir la ressource humaine nécessaire à un meilleur encadrement « . Par ailleurs, le directeur de la marine marchande a rappelé qu’il faudrait d’abord » encadrer l’activité dans ces ports secs « . Un dispositif intersectoriel sera mis en place pour » voir ce qui se passe dans ces ports secs et revoir l’opportunité de ces ports secs qui doivent être liés aux ports humides « . Il a par ailleurs indiqué que le gel comme mesure conservatoire de » nouvelles autorisations d’ouverture de ports secs » et les ports humides doivent à leur tour » émettre un avis avant le transfert de marchandises vers les ports secs » et » le transfert sera l’exception « . En fait, l’activité des ports secs est encadrée par une directive de l’ex-DG des douanes, Abdou Bouderbala.
Parue au JO du 12 juin 2011, elle stipule en son article 2 que » le port sec constitue un dépôt temporaire extra-portuaire, considéré comme un prolongement naturel des ports maritimes. Il ne peut être rattaché qu’à un seul port. Le port sec peut être créé après accord préalable du DG des douanes par l’autorité portuaire ou les consignataires de cargaisons, dénommés ci-après les exploitants. » L’article 3 stipule en outre que » le port sec n’est ouvert qu’aux marchandises conteneurisées importées, destinées à être exportées ou réexportées, dans les conditions que l’exploitant négocie dans un cadre conventionnel » (Cf. JO n° 33 du 12 juin 2011). Le problème du surnombre de ports secs et des coûts prohibitifs pratiqués par les compagnies gérantes, dont des armateurs maritimes, doit être réglé en urgence, estimera-t-il, et pour lui, il faudrait mettre en place des » mesures intersectorielles pour réguler ce problème « . » L’Algérie transporte seulement 2% de ses besoins, et nous sommes sous le diktat des compagnies maritimes qui ont ouvert des ports secs « , a-t-il précisé, ajoutant que les secteurs du commerce, des transports et la douane » sont concernés, car les tarifs sont prohibitifs. Il faut agir et très vite « , préconise-t-il, proposant d’aligner les » tarifs des ports publics sur ceux des ports secs, les harmoniser et éviter tout dérapage « . De plus, »
l’investissement dans les ports secs devra être réservé aux ports humides. On ne peut transférer les conteneurs sans l’avis des ports concernés « , a-t-il ajouté, tout en précisant qu’un texte dans ce sens » est en préparation, car il y a urgence à agir « . » On va essayer de renforcer le contrôle et aligner les tarifs sur ceux des ports publics « , a-t-il poursuivi, avant d’annoncer que le port de Bejaia allait ouvrir une grande plateforme logistique pour un coût de 450 millions de DA.
AEH