Pénuries diverses. C’est la hantise de tous les Algériens durant les fêtes religieuses. Les Algériens sont confrontés, comme le veut la tradition, à chaque fête religieuse au problème de disponibilité de certains produits ou services.
Transport, pain, fruits et légumes, liquidités, manquent généralement lors de ces occasions. Et l’Aïd El-Fitr de cette année ne dérogera pas à la règle.
Les promesses formulées par les pouvoirs publics pour assurer une fête de l’Aïd sans pénuries sont loin de convaincre les Algériens, à cause des graves défaillances enregistrées les années précédentes. Une virée aux différents marchés de la capitale, bureaux de poste, gares routières et boulangeries, donne déjà un avant-goût de ce que sera l’Aïd cette année.
En effet, l’anarchie est perceptible partout. Au niveau des bureaux de poste, les citoyens s’impatientent pour retirer leurs économies, histoire de faire face aux lourdes dépenses générées à cette occasion.
Contrairement aux journées précédentes, les bureaux de poste sont pris d’assaut. Les clients d’Algérie Poste trouvent d’énormes difficultés à retirer leur argent. Et comme un mal ne vient jamais seul, le problème de manque de liquidités ressurgit dans certaines antennes d’Algérie Poste.
«Mes enfants m’attendent à la maison pour leur acheter les vêtements de l’Aïd et je dois retirer de l’argent avant que les caisses ne soient vides. L’année dernière, j’ai failli rater l’Aïd à cause du problème de liquidités», témoigne un père de famille. Il faut dire que la tension monte d’un cran au niveau des bureaux de poste, et ce, au fur et à mesure que le jour «J» approche.
Les multiples assurances faites par les responsables d’Algérie Poste et la décision d’ouvrir ses bureaux ce week-end ne change pas grand-chose. Le calvaire du manque de liquidités des fêtes précédentes est resté gravé dans la mémoire des titulaires d’un compte CCP. La même tension est constatée au niveau des gares routières de la capitale, où des milliers de personnes voulant rentrer chez elles, se bousculent devant les guichets.
Certes, le transport a été renforcé pour cette occasion par la Société nationale du transport ferroviaire (SNTF) notamment, mais il reste en deçà des attentes des citoyens. La Fédération nationale des boulangers, affilié à l’UGCAA, a tenu à rassurer les Algériens.
Le pain sera disponible durant les deux journées de l’Aïd. Contacté, le président de cette fédération, Youcef Kalafate, a affirmé que les boulangers se sont organisés de façon à assurer des permanences pour la disponibilité du pain.
Mais, souligne notre interlocuteur, les boulangers sont confrontés à un seul problème, les coupures d’électricité en l’occurrence qui ont tendance à se répéter ces derniers jours. Le pain, comme chaque année, ne sera certainement pas disponible malgré les assurances de l’UGCAA. Et pour cause, les propriétaires de boulangeries préfèrent baisser rideau et rejoindre leurs localités d’origine pour y passer l’Aïd.
L’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) a appelé, avant-hier, à assurer le service durant les jours de l’Aïd et à respecter les conditions d’approvisionnement pour éviter pénurie et perturbation. Dans un communiqué, l’Ugcaa a appelé l’ensemble de ses bureaux de wilaya et comités locaux à assurer le service durant les jours de l’Aïd au niveau des quartiers et des agglomérations, notamment en ce qui concerne les boulangeries, l’alimentation générale, les moyens de transport et les stations-service.
L’Ugcca a également souligné la nécessité de coordination avec les services du ministère du Commerce pour l’organisation de la permanence dans le domaine du commerce et des services. Ni l’Ugcaa ni le ministère de l’Agriculture ou un autre département n’a pris des dispositions légales pour rassurer un tant soit peu le citoyen.
Ce dernier demeure livré à la spéculation des commerçants qui trouvent leurs comptes lors de ces occasions. Habituées à des situations de pénurie durant les fêtes, les ménagères ne cachent pas leur inquiétude de rencontrer les mêmes problèmes, d’autant que l’expérience a montré que tous les appels et directives annoncés en grande pompe avant l’Aïd se sont avérés sans aucun effet.
Mehdi Ait Mouloud