Transport : Les taxis débrayent

Transport : Les taxis débrayent
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La grève entamée depuis, hier, par les chauffeurs de taxi a été, hormis la wilaya d’Alger, largement suivie à travers les quatre coins du pays.

C’est ce que nous a indiqué le président de Fédération nationale des chauffeurs de taxi, Hocine Aït Braham. Contacté par nos soins, ce dernier a tenu à expliquer le peu de suivi où plutôt la participation mitigée à ce mouvement de protestation dans la capitale pour deux raisons et non des moindres : la première a trait au manque d’information où la majorité des transporteurs ignorent le déroulement, aujourd’hui (ndlr hier), de la grève.

Quant à la deuxième, il est relatif à la décision de la Fédération d’assurer le service minimum afin de ne pas paralyser trop les voyageurs.

Mais là, il précisera d’un ton menaçant, que cette option pourrait être révisée à la faveur des prochaines actions. Qu’en est-il des autres wilayas ? Et bien notre interlocuteur indiquera que le mouvement a été largement suivi, notamment en ce qui concerne les lignes inter-wilayas où la participation est de l’ordre de 100%.

C’est-àdire la paralysie était, en ce premier jour, totale. Quid de la réaction de la tutelle ? C’est le statut quo.Le ministère des transports se confine toujours dans sa politique de la sourde oreille. À croire qu’il n’est pas concerné par ce mouvement de protestation maintenu encore pour aujourd’hui.

Une telle attitude n’a pas surpris pour autant les grévistes habitués, à chaque action similaire, à ce genre de position on ne peu plus « irresponsable ». Concernant maintenant, les revendications des chauffeurs de taxi, celles-ci s’articulent entre autres, sur l’effacement des dettes contractées durant la période allant de 1992 à 2003.

Pour les chauffeurs de taxi, les choses sont claires : ils soutiennent mordicus qu’ils ne sont pas responsables de cette situation du moment que la direction générale des impôts ne les a pas avisé à temps, autrement dit, durant cette période laissant ainsi ces créances s’accumuler rendant ainsi, aujourd’hui, la perspective de leur remboursement quasi impossible.

Il est question également, de la mise en oeuvre d’une commission technique nationale qui aura pour mission principale de prendre en charge les problèmes des transporteurs.

Ces derniers, revendiquent, également, la mise en place d’un véritable plan de transport à même d’organiser l’activité livrée à une anarchie sans précédent, notamment dans le volet ayant trait à l’ouverture de nouvelles lignes de transport.

Selon Hocine Aït Braham, le département de Amar Tou procède à la distribution de nouvelles lignes sans aucune étude préalable de la réalité du terrain. Conséquence : plusieurs lignes ont été injectées sur celles déjà saturées.

Pour lui, il est temps de mettre fin à cet état de fait du climat de zizanie parmi les chauffeurs de taxi qui buttent sur une désorganisation totale. Enfin, les revendications des chauffeurs de taxi ne se limitent pas à ses deux points. Ceux-ci réclament également un véritable statut particulier repondant à leurs attentes et aspirations.

Sauf que ces doléances, réclamées tout haut par les syndicalistes, font face, encore et toujours, à la politique de la sourde oreille du premier responsable du secteur qui « n’a pas daigné, jusque-là, bouger le petit doigt afin de les prendre (revendications) en charge d’une manière sérieuse mais surtout définitive.

Reste que ce qui les intriguent le plus ce sont les engagements non tenus par le ministère quant à la prise en charge de leur plateforme de revendication en dépit des réunions de travail, ô combien nombreuses, qui ont été tenues entre les deux parties.

Cette volte-face n’est pas sans susciter la grogne des transporteurs, les chauffeurs de taxi, notamment, qui ne croient désormais qu’à la protestation pour faire entendre leurs voix, jusque-là ignorées par la tutelle qui préfère, plutôt, la fuite en avant… mais jusqu’à quant. C’est là la question, dont seul le département de Amar Tou détient la réponse.

Amokrane Hamiche

Un taux de suivi de 80%

«La grève des chauffeurs de taxi a été suivie à 80% à l’échelle nationale. La forte participation a été celle des taxis inter wilayas puisqu’elle a atteint les 100% » c’est ce qu’a déclaré, hier, Boukerriou Aziouez, vice-président de l’Union nationale des chauffeurs de taxi (UNACT) en faisant le bilan de la première journée du mouvement de protestation. C’est la majorité des chauffeurs de taxi qui ont adhéré à cette grève de deux jours.

À dix heures du matin, l’ UNACT a enregistré l’adhésion de 75% (Tizi Ouzou à 85%, Khenchela 95%, Oran, Djelfa, Sétif et Sidi Bel-Abbès 90%). « Les chauffeurs de taxi des 48 wilayas ont répondu favorablement à notre appel puisque nos revendications touchent le fond de leurs problèmes », poursuit notre interlocuteur.

« Il faut rappeler que nous avons frappé à toutes les portes avant d’opter pour la grève. Malheureusement, le ministère de tutelle ne nous a pas prêté attention. Aujourd’hui, nous sommes décidés à aller jusqu’au bout, jusqu’à ce que nos doléances soient prises en charge », affirme-t-il, soulignant que « les chauffeurs de taxi ont leurs poids et ils vont en faire usage ».

Concernant les 20% qui n’ont pas adhéré à la grève, Boukerriou Aziouez affirme que chacun a ses raisons. « Il y a des personnes qui n’étaient pas informées de la grève. D’autres ont refusé d’y participer parce que ce n’est pas leur seule source financière. La majorité d’entre eux sont des retraités et des commerçants ».

Il a souligné dans ce sens que « d’une part, le ministère des Transports n’a pas pu ou voulu résoudre le problème des clandestins qui nous concurrencent déloyalement et d’un autre côté il nous demande de nous acquitter de nos impôts. C’est illogique, les clandestins travaillent et c’est nous qui payons».

Le responsable de l’UNACT a évoqué aussi le problème des licences qui sont en nombre très limité, ce qui a ouvert les portes vers l’anarchie et la dominance des courtiers soulignant que « le nombre des anciens moudjahidine a fortement diminué et leurs licences sont toujours bloquées. Le ministère des Moudjahidine se doit de les octroyer à d’autres catégories d’ayants droit pour qu’elles entrent sur le marché. »

Au sujet des négociations avec le département de Amar Tou, Maârouf Mohamed, secrétaire général du SNTT (UGTA) affirme qu’eux (les syndicats) refusent toute forme de négociations avec le ministère de tutelle du moment que ce dernier exclut deux de nos partenaires dans cette grève, à savoir la FNACT (UGCAA) et l’UNACT.

Sur le terrain, les chauffeurs de taxi évoquent tous les mêmes problèmes. Ils accusent aussi les policiers de «complicité avec les taxis clandestins».

Ces derniers, déclarent-ils, travaillent d’une façon illégale devant tout le monde, même les policiers sont au courant de cette situation depuis longtemps. Ils leurs donnent le droit de stationner n’importe où sans être inquiétés. Par contre nous, nous sommes surveillés à tout moment», nous a déclaré un chauffeur de taxi à Ruisseau.

Abla Selles