Transport et transit de marchandises: 90% des opérations se font sans facture !

Transport et transit de marchandises: 90% des opérations se font sans facture !

Dans la perspective de faire partie de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à laquelle ont adhéré jusqu’à maintenant 162 Etats membres qui s’échangent 97% du commerce mondial, les Algériens devront comprendre les enjeux et l’intérêt d’accéder à cette organisation, pendant que les négociateurs en charge du dossier, eux, s’affaireront à renforcer et à consolider les résultats obtenus des négociations.

C’est ce qui ressort de l’entretien accordé hier à l’APS par le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, lui-même « négociateur » au tout début du processus, il y a plus de 16 ans, dans lequel il rappelle que « ces efforts et ces résultats demeurent encore insuffisants au regard des intérêts et des droits légitimes de notre économie », dans la mesure où il existe « un large consensus national qui conforte la démarche du gouvernement de ne pas vouloir adhérer à l’OMC à n’importe quel prix ».

Aux yeux de M. Belaïb, indépendamment de l’adhésion ou non de l’Algérie à l’OMC, « les accords de cette organisation multilatérale représentent aujourd’hui les règles fondamentales qui régissent le commerce mondial dont l’Algérie est bel et bien partie prenante qu’elle soit membre ou non de l’OMC ». Or, toute la problématique réside dans un système mondial construit de telle sorte qu’aucun pays, y compris l’Algérie, ne peut s’isoler et encore moins aller en porte-à-faux des pratiques mondiales en la matière.

A ce titre, les propos de M. Belaïb surviennent au moment où le Bureau pour l’Afrique du Nord de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA-AN) a considéré que les échanges commerciaux entre les pays qui constituent l’Union du Maghreb arabe (UMA) – Algérie, Tunisie, Mauritanie, Maroc et Libye – sont des plus « marginaux », ne représentant même pas la moyenne africaine.

Le commerce entre pays nord-africains reste encore très loin de son potentiel, atteignant tout juste la valeur de 10 milliards de dollars en 2013. Pis, le commerce intra-zone ne pèse que 4,8% du total des exportations des pays membres, bien loin de la moyenne continentale de 12%. Pour l’institution onusienne, « plusieurs facteurs concourent à cet état de fait : fragmentation des économies, inefficience des accords commerciaux existants et des coûts indirects des transactions, induits par le déficit de coopération entre les pays et les défaillances des cadres réglementaires nationaux ».

Dans ce chapitre, est-il utile de rappeler le « coup de gueule » de Slim Otmani contre ce qu’il a appelé « la désobéissance fiscale » des Tunisiens sur les produits qu’il exporte dans ce pays, au même titre que l’Association professionnelle des producteurs de boissons, qui grincent des dents chaque fois qu’il est question d’exportation. L’autre drame vécu par le commerce entre les pays de l’UMA particulièrement et à l’international plus globalement, c’est le délai !

Le nombre de jours pour réaliser une opération de commerce transfrontalier est très déséquilibré d’un pays à un autre : 11 jours au Maroc, 17 jours en Algérie, 23 jours en Libye, 13 jours en Tunisie et 31 jours en Mauritanie. De plus, la facilitation du commerce de et vers l’Algérie reste entravée par plusieurs lacunes du dispositif législatif et réglementaire.

Mais au regard de l’encadrement des activités de transport-transit, les lacunes identifiées par le rapport onusien sont tout de même « sévères », d’abord à cause de la prédominance de l’informel, où « 90% des déplacements pour le compte d’autrui se faisant sans facture », à cela s’ajoute l’inexistence de communautés portuaires regroupant les usagers des ports, d’organisations des chargeurs et d’organisations de la logistique, et l’absence de statuts régissant les professions et activités auxiliaires, lire transitaires, opérateurs logistique, experts et surveillants maritimes…

Un manque à gagner considérable, surtout si l’on sait que le transport international des marchandises échangées par l’Algérie avec la Tunisie et la Libye… s’effectue essentiellement par voie terrestre.

Cela dit, « les nombreuses initiatives prises depuis les indépendances pour lancer une dynamique d’intégration économique en Afrique du Nord – Union du Maghreb arabe (1989), GAFTA (1996), Accord d’Agadir (2001), conventions bilatérales – n’ont pas encore permis de franchir des étapes décisives vers les objectifs définis, principalement en matière commerciale », écrit le rapport. Et dire que le potentiel « humain » des pays de l’UMA s’élève à 100 millions d’habitants.

Pour l’essentiel, les économies nord-africaines se « tournent le dos », pour reprendre l’expression du document.