Les conditions de transport et d’élimination des déchets hospitaliers de l’hôpital du 1er- Novembre 1954 d’Oran (EH U), considéré comme le plus grand d’Afrique, ne peuvent pas être qualifiées comme étant uniquement un scandale.
Il s’agit en fait d’un crime impardonnable qui menace la santé publique, du fait que la règle régissant leur gestion en matière de sécurité, n’a pas été respectée, une règle qui demande une logistique et une organisation rigoureuse, pour la prise en charge et l’élimination de ces déchets à risque.
En effet, jeudi matin, à l’intérieur de cet établissement, non loin de la maternité, où des tonnes de déchets liés aux soins de santé, stockés à l’air libre, un rétro-chargeur s’affairait à les charger dans la benne d’un camion de gros tonnage de marque Chakman immatriculé dans la wilaya d’El Oued (39).
Le véhicule une fois chargé, prenait la route vers la localité de Sidi Chahmi, pour débarrasser de ces déchets potentiellement dangereux, pour être incinérés à l’air libre à l’intérieur d’un hangar désaffecté et sans toiture situé sur une colline surplombant à la fois Sidi Chahmi et El Braya.
Pour nous rendre sur le site, nous avons emprunté la même voie. Notre stupeur a été de voir plusieurs sacs de déchets portant l’inscription «déchets d’activité de soins mous à risques infectieux» jonchant le sol, éparpillés çà et là, au bord de la route.
Certains étaient encore fermés et d’autres n’ont pas résisté au choc lorsqu’ils sont tombés du camion. des centaines de gants, de frottis, de compresses immaculées de sang, de seringues souillées, de poches de sang, de tubulures, étaient éparpillés sur un long tronçon de la route, un spectacle désolant qui donne froid au dos, une véritable catastrophe qui met en danger la santé des citoyens, alors que la logique veut que les responsables des établissements hospitaliers, doivent être les premiers à s’assurer que la manipulation, le traitement et l’élimination des déchets de soins de leurs structures, n’auront aucune conséquence néfaste sur la santé de la population ou sur l’environnement.
A l’endroit où s’effectuait l’incinération à l’air libre, une épaisse fumée se dégageait, l’air était irrespirable, des travailleurs sans aucune protection étaient présents, exposés au risque d’intoxication et de contamination, en jetant un coup d’œil à l’intérieur du hangar, nous avons constaté l’existence de plusieurs dizaines de tonnes de déchets calcinés, ce qui veut clairement dire qu’il s’agit d’un lieu d’incinération sauvage de déchets hospitaliers, qui a bel et bien un propriétaire qui en tire profit, au détriment de la santé de toute une population de deux communes, Sidi Chahmi et El Braya, du fait que la combustion en plein air des déchets hospitaliers, non contrôlée, est à plus d’un titre dangereuse, due non seulement à l’émission de gaz toxique, mais aussi à la combustion imparfaite des déchets infectieux qui constituent un réservoir de micro organismes dangereux.
Pour ce qui est du camion à benne, utilisé pour l’enlèvement de ces déchets infectieux, le risque de contamination ne touche pas uniquement le chauffeur, mais également les personnes qui auront à recourir à ces services en matière de transport de matériaux de construction, du fait que dans sa benne, ces déchets ont été transportés en vrac, idem pour le godet du rétro chargeur, car les précautions à prendre veulent que le transport de cette matière se fasse dans un véhicule fermé pour éviter tout déversement sur la chaussée et équipé d’un système de sécurisation de la charge (bacs fermés et sacs) pour éviter tout déversement à l’intérieur du véhicule, afin d’éviter une contamination.
Une question se pose concernant cette triste et dangereuse situation, est-ce que les responsables de la direction de la Santé et ceux de la direction de l’Environnement, se sont demandés un jour, où vont les déchets infectieux des hôpitaux ?
Plusieurs citoyens de Sidi Chahmi, scandalisés par cette affaire et soucieux de leur santé, demandent au wali, par le biais de notre journal, l’ouverture d’une enquête. «Les seringues souillées, les frottis et autres objets qui ont chuté du camion en cours de route, peuvent tomber entre les mains des enfants et faire des dégâts», craignent nos interlocuteurs inquiets.
A. Bekhaitia