Transition énergétique : l’Algérie bien placée pour alimenter l’Europe en hydrogène vert

Transition énergétique : l’Algérie bien placée pour alimenter l’Europe en hydrogène vert

Le projet de corridor de l’hydrogène SunsHyne franchit une étape décisive avec la finalisation réussie de son étude de faisabilité technique et commerciale. Cette avancée marque un tournant majeur pour la transition énergétique en Europe et en Afrique du Nord, dans un contexte de course mondiale vers la décarbonation et la réduction de la dépendance aux énergies fossiles.

Le projet SunsHyne prévoit la construction d’un réseau de 3 400 km de canalisations reliant les zones de production d’hydrogène vert en Afrique du Nord aux marchés européens, notamment en Allemagne où un déficit de plus de 100 TWh est attendu d’ici 2030.

L’étude a été menée par cinq grands opérateurs européens de transport de gaz – Snam (Italie), TAG (Autriche), Eustream (Slovaquie), Net4Gas (Tchéquie) et OGE (Allemagne). Leur ambition : sécuriser l’approvisionnement énergétique européen tout en réduisant son empreinte carbone.

SunsHyne : L’Algérie, hub stratégique pour l’hydrogène vert ?

Même si le point de départ officiel du corridor n’a pas encore été défini, plusieurs experts estiment que l’Algérie est le pays le mieux placé pour devenir le hub africain de SunsHyne. Son atout majeur réside dans son interconnexion existante avec l’Italie via des gazoducs opérationnels, ainsi que dans ses capacités à développer rapidement des infrastructures dédiées à l’hydrogène.

D’après une étude publiée en juin 2025 dans Nature Energy, l’Algérie se classe deuxième en Afrique en termes de compétitivité du coût de production d’hydrogène vert, estimé entre 4,0 et 4,2 $/kg, juste derrière la Mauritanie. Ce positionnement confirme le potentiel du pays pour devenir un acteur incontournable de l’exportation d’énergie propre vers l’Europe.

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Coûts et calendrier du projet SunsHyne

Près de 85 % du tracé du corridor devrait s’appuyer sur des infrastructures gazières existantes, adaptées au transport de l’hydrogène, ce qui réduira fortement les coûts et accélérera la mise en service.

Selon les prévisions, le chantier devrait démarrer avant la fin de la décennie, avec une première phase reliant la Sicile et l’Italie aux réseaux énergétiques d’Europe centrale (Autriche, Slovaquie, Tchéquie et Allemagne). À terme, SunsHyne devrait permettre d’acheminer 5 millions de tonnes d’hydrogène par an, l’équivalent de 450 GWh d’énergie, de quoi alimenter durablement l’industrie lourde européenne.

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Vers une dorsale européenne de l’hydrogène avec SoutH2 ?

Le projet pourrait à terme fusionner avec le corridor SoutH2, également en cours de développement, créant ainsi un vaste réseau interconnecté. Cette perspective est soutenue par l’Union européenne, qui finance déjà plusieurs infrastructures via le Mécanisme pour l’interconnexion en Europe.

En s’intégrant dans SunsHyne, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et l’Égypte renforceraient leur rôle géoénergétique et économique. Pour Alger en particulier, ce projet représente une opportunité de diversifier ses exportations énergétiques au-delà du gaz naturel, et de s’imposer comme leader régional de l’hydrogène vert.

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