Le tribunal criminel près la Cour d’Oran a examiné ce mardi une affaire impliquant un réseau international spécialisé dans le transfert illégal de devises vers l’Espagne afin de financer l’importation de diverses drogues. Un « baron de la drogue », activement recherché pour plusieurs affaires similaires et réfugié en Espagne, est à la tête de ce réseau. Cinq de ses complices ont été jugés aux côtés de huit autres prévenus placés sous contrôle judiciaire, dont un commerçant et un changeur. Trois suspects demeurent en fuite.
Ce réseau criminel, opérant depuis l’étranger, est accusé d’avoir mis en place une structure complexe pour le trafic de drogue international et le blanchiment d’argent. Les autorités ont pu interpeller plusieurs membres de ce réseau sur le territoire algérien, et les ont traduits devant la justice pour répondre de leurs actes.
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Les prévenus sont poursuivis pour possession, stockage, transport et contrebande de stupéfiants, des délits qui menacent l’économie nationale et la santé publique. D’autres sont accusés de gestion, organisation et financement d’un groupe criminel organisé ainsi que de transfert illégal de capitaux vers l’étranger sans autorisation.
L’enquête révèle le mode opératoire du réseau
L’enquête a révélé une tentative de transfert de 1,365 milliard de centimes vers l’Espagne, destiné à financer des transactions liées à la drogue. Les forces de l’ordre ont également saisi 14 000 comprimés d’ecstasy et plus d’un kilo de cocaïne dans les communes de Gdyel et Bir El Djir.
L’affaire remonte à février 2021, lorsque les services régionaux d’investigation judiciaire d’Oran ont reçu des informations sur un réseau dirigé par un certain B. Tayeb, déjà impliqué dans le trafic de cocaïne et de psychotropes. Après une surveillance minutieuse, les enquêteurs ont intercepté plusieurs véhicules suspectés de transporter des stupéfiants, avant de procéder à des perquisitions dans les quartiers d’Achlam, Belgaïd et Gdyel, où d’importantes quantités de drogue et d’argent liquide ont été découvertes.
L’enquête a mis en lumière l’organisation et la logistique sophistiquées mises en place par ce réseau criminel pour assurer la distribution de la drogue et le transfert illégal de devises.
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L’enquête a permis de dévoiler le mode opératoire du réseau : les trafiquants locaux vendaient la drogue à Oran, puis confiaient l’argent à des commerçants chargés de le convertir en euros et de le transférer au chef du réseau en Espagne. En échange, le chef du réseau envoyait de nouvelles cargaisons, livrées en mer par des bateaux de migrants (« harraga ») transformés pour le transport de drogue. Les échanges s’effectuaient par signaux lumineux et via des applications cryptées comme Telegram et WhatsApp.
Déroulement du procès et réquisitions du procureur
À l’issue de l’instruction, huit accusés ont été placés sous contrôle judiciaire, les autres mis en détention provisoire.
Lors du procès, quatre prévenus ont reconnu les faits, dont l’un a avoué avoir assuré la sécurité des trajets en échange de deux millions de centimes. D’autres, notamment les changeurs, ont affirmé ignorer l’origine des fonds transférés vers l’Espagne.
Les témoignages contradictoires des accusés ont apporté un éclairage complexe sur les responsabilités de chacun au sein de ce réseau criminel.
Le procureur de la République a requis 20 ans de prison ferme pour les accusés principaux, 4 ans de réclusion pour ceux poursuivis pour transfert illicite de fonds, ainsi qu’une amende triple de la somme saisie, assortie de la confiscation des avoirs. Le tribunal a mis l’affaire en délibéré.
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