Transfert illicite de devises vers l’étranger, les fraudeurs dans le collimateur de Sellal

Transfert illicite de devises vers l’étranger, les fraudeurs dans le collimateur de Sellal

Les entreprises et autres opérateurs ou investisseurs «fraudeurs» sont désormais dans le collimateur du gouvernement. Le Premier ministre vient en effet d’instruire le ministre des Finances de prendre les mesures nécessaires pour freiner les transferts illicites des devises vers l’étranger en renforçant notamment le dispositif de détection des infractions de change.

Ainsi après avoir donné carte blanche au ministre des Finances Karim Djoudi pour agir contre les entreprises et les importateurs qui transfèrent frauduleusement des devises vers l’étranger, il revient «rappeller» à son ministre la nécessité d’agir, car les montants énormes des transferts enregistrés en 2012 et le premier semestre 2013 inquiètent énormément. Et Sellal, par cette instruction, a ainsi décidé d’en finir avec cette saignée des devises qui affecte négativement les réserves de change du pays.

Il a ainsi demandé, selon l’APS qui rapporte l’information, citant la correspondance adressée au ministre des Finances, «de prendre toutes les mesures que vous jugerez utiles en vue de renforcer le dispositif de contrôle et de détection des infractions de change, notamment à travers le renforcement des moyens humains et matériels des services des douanes».

Pour rappel, une note de la Banque d’Algérie sur la situation des réserves de change et à l’évolution des indicateurs monétaires et financiers à fin mai 2013 fait état d’un record des transferts de l’Algérie vers l’étranger. Rien que pour les cinq premiers mois de l’année, l’Algérie a transféré 30,448 milliards de dollars de ses devises vers l’étranger, en progression de 13,7%, comparés à la même période de 2012 (26,76 mds de dollars).

Le gouvernement a agi suite à un rapport conjoint du ministère des Finances et de la Banque d’Algérie sur les infractions de change, alertant sur la gravité de ce trafic qui affecte le commerce extérieur de l’Algérie. Le rapport cité dans cette correspondance fait état également de 17,33 milliards de DA d’infractions de change (pénalités) constatées par les services des douanes et les officiers de la police judiciaire en 2012.

L’exécutif veut ainsi instaurer un contrôle rigoureux sur le mouvement des capitaux vers l’étranger en demandant notamment à la direction générale des douanes (DGD) de renforcer ses moyens de lutte sur le terrain aussi bien matériels qu’humains. La DGD est en train de préparer un rapport au Premier ministre qui fait le point sur la situation de la lutte douanière contre les infractions de change et les moyens de la renforcer, indique à l’APS M. Regue Benamar, responsable du contrôle a posteriori à la DGD.

«Nous sommes au commencement d’un vaste programme d’enquêtes sur les trafics qui s’exercent sur les réserves de change», ajoute-t-il. La révision de la gestion du commerce extérieur «devient impérative», estime ce responsable qui s’interroge sur les capacités de l’Algérie à supporter des importations de plus de 60 milliards de dollars chaque année.

Saïd Mekla