Un réseau spécialisé dans les transferts illégaux de capitaux vers l’étranger et dans le trafic d’or a été démantelé par les éléments de la brigade territoriale de la Gendarmerie Nationale (GN), dans la wilaya de Bouira, rapporte aujourd’hui 1 janvier l’APS.
Deux hommes membres de ce réseau ont été interpellés à bord de deux véhicules, transportant en totalité des sommes en devises, estimées à 1.179.880 euros et 300.000 dollars, ainsi que 195.550 Dinars, outre 15,258 kg d’or. Les deux personnes arrêtés qui n’ont ni de registre de commerce ni de compte bancaire ont été placés sous mandat de dépôt.
Le change parallèle est une activité plus ou moins tolérée en Algérie où la convertibilité du dinar n’existe pas. La modicité de l’allocation touristique octroyée aux algériens – moins de 150 euros par an – fait du marché parallèle, dont l’emblématique Square Port Said, un recours obligé pour ceux qui voyagent à l’étranger.
Le transfert illicite de devises vers l’étranger par des formes diverses ne bénéficient « officiellement » pas de la tolérance accordée aux « cambistes » du marché parallèle. La fuite des capitaux qui s’alimente de l’absence de convertibilité passe par le marché parallèle mais également par les opérations de commerce extérieur à travers les surfacturations, les facturations intragroupes.
L’Algérie « champion du Maghreb » de la fuite des capitaux
C’est devenu une de plaies de l’économie algérienne. Selon la Global Financial Integrity, organisation non gouvernementale basée à Washington, plus de 1,5 milliards de dollars quitte illégalement l’Algérie depuis 2003. La fuite de capitaux est estimée 15.753 milliards entre 2003 et 2010.
C’est une pratique en forte « croissance ». Le transfert illégal de capitaux est passé de 490 millions de dollars en 2003 à 2.620 milliards de dollars en 2012, selon le rapport de cette ONG, qui constate un pic de 3.378 milliards de dollars en 2008.
Des chiffres qui classent l’Algérie au 46e rang mondial des pays aux transferts illicites les plus élevés, dépassant le Maroc (59e) avec 998 millions de dollars et la Tunisie (138e) avec 28 millions de dollars.
L’une des principales techniques adoptées pour transférer illégalement des capitaux vers l’étranger est la facturation frauduleuse lors des importations et des exportations, selon la même ONG, outre le marché parallèle.
Des chiffres faramineux
En matière d’opérations de changes liées au commerce extérieur, le Président de l’Association nationale des exportateurs algérien (Anexal), Ali Bey Nasri a souligné que les exportateurs algériens qui subissent une réglementation des changes très rigide ne sont pas responsables de la fuite des capitaux.
« Ce sont les importateurs pour l’essentiel qui sont responsables des transferts illicites et des fuites de capitaux » a-t-il déclaré en avril dernier à l’agence APS.
Abdelmadjib Mahrèche, Inspecteur général des Douanes Algériennes, a par ailleurs indiqué récemment que 394 affaires d’infractions des changes liées au commerce extérieur et aux opérations d’importations ont été enregistrées en 2013, pour une contre-valeur de 7.372 milliards de dinars.
Celles commises par les voyageurs, beaucoup moindres, sont estimées à 315.6 millions de dinars. Abdelmadjib Mahrèche a par ailleurs indiqué qu’une direction du contrôle a-posteriori a été mise en place pour contrer le fléau.