L’Etat a récupéré 253 millions de dollars en surfacturation concernant 38 produits en deux ans
Le circuit du médicament est miné par beaucoup d’intérêts car l’Etat y injecte 3 milliards de dollars par an.
Interrogé sur la suite et les éventuelles sanctions contre les auteurs de transfert de devises à l’étranger parmi les importateurs de médicaments, le ministre de la Santé, de la Population et de la Reforme hospitalière, M.Ould Abbès, a affirmé hier, en marge de la signature d’un protocole d’accord avec le directeur exécutif de l’Onusida, que «les dossiers ont été remis au département de la justice, celui des finances, du commerce ainsi qu’au niveau de la douane». Ce protocole portait sur la création d’un institut de recherche et de fabrication des anti-rétroviraux contre le virus VIH dont le risque d’affection s’avère plus rapide en Afrique du Nord et la région Mena en général qu’en Afrique noire, selon Michel Sidibé qui a tenu une conférence de presse conjointe avec Djamel Ould Abbès. «La fabrication de ces médicaments en partenariat avec les firmes étrangères, et à laquelle l’Algérie affectera une enveloppe de 6 millions de dollars, sera lancée à partir de 2014», indique M.Ould Abbès. Le ministre ne veut pas en dire plus sur ces «fraudeurs» ou «corrupteurs», à propos desquels d’ailleurs, il a lui-même dévoilé la récupération de 253 millions de dollars en surfacturation concernant 38 produits en deux ans. «Un accord a été signé entre la direction générale des douanes et le Msprh, il y a de cela 5 mois dans l’objectif d’un contrôle rigoureux des quantités de médicaments à l’intérieur du conteneur», a-t-il indiqué en reconnaissant qu’on est loin de résoudre les différents problèmes liés à la pénurie récurrente, la rupture des stocks de médicaments et le transfert illégal de devises à l’étranger. L’assainissement est d’autant «plus difficile», indique-t-il que l’enjeu, l’enveloppe accordée chaque année par les pouvoirs publics à l’importation des médicaments, est de l’ordre de 3 milliards de dollars. Cela représente «énormément d’intérêts en jeu, sachant dit-il, que «chez-nous des crimes fratricides sont commis pour 1 mèttre carré de terrain».
«L’Etat est en train de reprendre le volet de distribution des médicaments avec la réhabilitation de l’Endimed pour assainir également ce circuit», a-t-il annoncé. Et d’ajouter que son département «a déjà retiré l’agrément à 241 distributeurs sur 266 au centre du pays». On a recensé «208 importateurs de médicaments comme produits finis, matière première et divers produits dentaires et accessoires jetables sur le marché national», a-t-il relevé. Les sanctions contre les importateurs indélicats ou ceux qui n’ont pas tenu leurs engagements, «tomberont à partir du 20 avril prochain», a-t-il déclaré. Sur un autre plan, alors que les praticiens spécialistes défient le premier responsable de la tutelle de s’asseoir autour de la table de dialogue retransmise au grand public, le ministre persiste et signe que la grève des contestataires est «un non-évènement». Venez au ministère pour constater sur le listing ou le pointage ce débrayage fait par nos soins: «On a constaté un taux de suivi de zero% au niveau de 29 wilayas», a-t-il expliqué. Si les grévistes affirment qu’aucune revendication n’a été réellement satisfaite, le ministre affirme tout à fait le contraire. Il est même allé jusqu’à dire que «des considérations politiques se cachent derrière l’action de cette minorité de frondeurs». Par conséquent, le recours systématique à la justice reste la démarche privilégiée par son département. «Nous appliquons la loi en procédant aux ponctions sur salaires des récalcitrants», dit-il. «Sachez que celui qui est à la tête de ce mouvement gagne 17 millions de centimes par mois et a un rappel au titre d’indemnités à effet rétroactif depuis 2008 de 530 millions de centimes», conclut-il. Par ailleurs, le directeur de la prévention au niveau du ministère de la Santé, a précisé, à cet égard, qu’ «à décembre 2011, le Laboratoire national de référence a enregistré, depuis 1985, le nombre de 1272 patients au stade du sida maladie et de 5525 patients séropositifs asymptomatiques». Il a ajouté que la riposte nationale multisectorielle a permis d’introduire une équité dans l’accès à la prévention, au dépistage, aux soins et aux soutiens attendus, de maintenir une faible prévalence (0,01%) dans la population active et d’affirmer que «l’épidémie VIH/SIDA demeure peu active et concentrée».