Les Douanes algériennes vont demander aux compagnies aériennes, en 2019, la liste des passagers pour lutter contre le transfert illicite de devises et de capitaux, a annoncé, hier mardi, M. Berdjoud Hakim, chargé d’études à la direction générale des Douanes, ainsi que la mise en place d’un nouveau système de dédouanement dans le cadre d’une modernisation des procédures. M. Berdjoudj a expliqué, à la Radio nationale que depuis mars 2018, un programme de modernisation, dont la re-conception du système d’informations (mis en place en 1995) a été mis en place», ajoutant que «le système d’aujourd’hui date de 1995, et il a fonctionné plus de 2 décennies. Il ne correspond plus au Commerce international actuel, et depuis mars 2018 on a opté pour un système éprouvé, le 1er au monde, celui des Sud-Coréens, le KCS (Korean customs services).»
Selon M. Berdjoudjd, le DG des Douanes devait signer, hier, un accord de coopération avec KCS’, (douanes coréennes) pour mettre en place leur système au niveau des douanes algériennes.» «Ce système va reprendre toutes les fonctionnalités et faciliter les échanges, dématérialiser les procédures et limiter les contacts entre les douanes, les opérateurs et auxiliaires», explique le représentant de la direction générale des Douanes, selon lequel «ce système est à la 4ème génération dans les douanes coréennes.» Le système douanier coréen prend notamment en charge le commerce électronique et en simplifie les procédures. «Nous voulons mettre en place leur système pour surmonter les difficultés rencontrées actuellement», précise encore M.Berdjoudj, selon lequel «parmi les fonctionnalités de ce système, il y a la prise en charge du dédouanement et le déchargement des marchandises, limite l’intervention des douaniers, et les charges pour les opérateurs et les douanes.»
Sur le dossier du crime financier, dont la surfacturation, il a affirmé qu’en 2018, il a été enregistré comme flux financier et transferts illicites de capitaux la somme de 6.500 milliards de dinars. «Pour cela, nous avons installé une commission pour définir les causes de ce phénomène, et on va transmettre prochainement le rapport aux pouvoirs publics, dont le Premier ministre, pour tracer le diagnostic à faire.» Le représentant de la direction générale des Douanes relève qu’il s’agit «de phénomènes liés, connexes. On met en place une stratégie pour lutter contre tous ces phénomènes, dont les drogues, car durant les 3 premiers trimestres de 2018, plus de 108.000 comprimés de psychotropes ont été saisis. Pour les produits pyrotechniques, il y a eu 62 millions d’unités de pétards et 4 millions d’euros saisis également.»
Dans le cadre de la lutte contre les crimes financiers dont la surfacturation, il a expliqué que la coopération avec la Turquie, la Chine et les Emirats arabes unis sera revue pour «lutter efficacement contre le phénomène de la surfacturation.» Sur le dossier à polémique de la corruption au sein des douanes, M. Berdjoudj a indiqué que «cela ne concerne qu’une partie de certains postes que nous jugeons sensibles, au niveau des douanes. Pour lutter contre ce phénomène, nous agissons, a-t-il dit, sur deux plans : le premier est qu’avec le nouveau système on va dématérialiser les procédures, on va couper le contact humain et diminuer le pouvoir discrétionnaire de nos agents, ensuite nous essayons d’améliorer les conditions de vie pour diminuer la tentation des agents.» Il a indiqué que le directeur général des Douanes a institué une prime pour «motiver les agents et créer cette compétitivité entre agents et améliorer leur conditions de vie.»
Pour lui, il ne faut pas voir la corruption «comme un phénomène qui gangrène notre institution, elle existe sur certains postes sensibles, nous agissons également pour la formation et avons une étroite collaboration avec l’Office central de lutte contre la corruption», a-t-il souligné, avant de signaler que «nous avons formé plus de 1.800 agents sur cette manière de lutter contre la corruption, et sur les risques de corruption.» Quant à la prime instituée par le DG des douanes, elle est attribuée pour les agents qui saisissent des marchandises non destinées à la vente aux enchères, ce sont des marchandises prohibées, ou ceux qui font le renseignement douanier, qui démantèlent la fraude, et cette prime peut aller de 10.000 à 60.000 DA par affaire. On ne s’intéresse qu’aux circonstances de l’affaire», explique-t-il. Le représentant de la direction générale des Douanes a annoncé, par ailleurs, qu’à partir de 2019, «nous allons instituer, par voie légale, les données-passagers pour les aéroports et les compagnies aériennes doivent remettre aux douanes les données-passagers pour ne pas contrôler tout le monde et cibler les passagers à risques. On veut donner aux Algériens le même confort qu’on trouve dans les aéroports internationaux.» En outre, sur le danger du crime transnational, le trafic d’armes, il a indiqué que «nous sommes prêts à déployer nos moyens pour le crime financier, nous sommes conscients des défis, nous allons mettre en place des postes de douanes de surveillance, prêts à déployer tous les moyens pour lutter contre ce phénomène des psychotropes, et les armes de contrebande.»
D’autre part, sur le volet recouvrement, le même intervenant a indiqué qu’à la fin des 11 premiers mois de l’année 2018, les services des douanes ont recouvré près de 913 mds de DA, soit une hausse de plus de 3,33%, par rapport à la même période en 2017. Concernant les importations, le volume des recouvrements est en baisse, en 2018, de 41 mds de DA, soit moins de 2% par rapport à 2017. Enfin sur les marchandises bloquées, il a expliqué que «nous ne bloquons pas X ou Y, on travaille sur pièces lorsqu’il y a soupçon de transfert illicite de capitaux. On protège les intérêts du Trésor public, car, estime t-il, il y a un problème de surfacturation ces dernières années, et nous protégeons les intérêts du Trésor public», insiste t-il, réfutant les accusations selon lesquelles les douanes ciblent particulièrement certains opérateurs.