Transfert illégal de devises à l’étranger Vastes enquêtes sur les importateurs

Transfert illégal de devises à l’étranger Vastes enquêtes sur les importateurs
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En mai dernier, un jeune vendeur de devises a été kidnappé par deux individus, à la sortie Est de Sétif. Il sera assassiné et une somme, estimée par les gendarmes à 472 millions de centimes, volée. Des importateurs de Sétif, parfois des femmes, s’approvisionnent au marché parallèle de devises, achetant de grosses sommes en euros et dollars, malgré leur cherté (par rapport aux banques publiques), pour les transférer illégalement vers des banques étrangères.

Selon des sources proches des milieux importateurs de Sétif, le recours à la devise en vente dans les marchés noirs a augmenté ces deux dernières années.

Les clients sont les importateurs. Des gens richissimes qui n’hésitent pas à s’approvisionner en grosses sommes en devises auprès des marchés parallèles, bien que l’Etat ait mis à leurs dispositions des sommes en devises à échanger dans les banques publiques (chaque importateur a le droit d’échanger 1 500 euros). Pourquoi s’intéressent-ils à la devise noire ?

La réponse est venue d’une enquête menée par les services de sécurité de Sétif. D’après cette enquête, la plupart des importateurs en activité à Sétif, soit plus de 4 000 recensés, recourent au marché noir de devises pour acheter d’importantes sommes. Ces sommes qui dépassent l’imagination, seront transférées vers des banques étrangères au détriment de celles publiques.

Mais le plus intriguant dans ce mode opératoire est que les importateurs courent un sérieux risque, d’autant qu’ils contreviennent à la loi à travers le transfert illégal de devises vers l’étranger. D’après les enquêteurs, ces importateurs achètent la devise contre 152 dinars pour un euro. Les devises seront stockées dans de grandes banques en Chine, en France et en Espagne, avant d’êtres utilisées lors des déplacements des importateurs.

MILA ET JIJEL, DEUX VILLES «FOURNISSEUSES» D’EUROS POUR SÉTIF

Quand on parle de devises vendues dans les marchés noirs, il faut savoir qu’en Algérie il existe deux grandes villes connues pour être le fief des devises. Il s’agit de Mila et Jijel qui alimentent presque toutes les villes de l’Est, Centre et l’Ouest du pays. A Mila, comme à Jijel, la plupart des commerçants proposent la vente de différentes devises. De l’euro, en passant par le dollar, le dinar tunisien et le rial saoudien, on trouve même la monnaie marocaine et libanaise.

Pour mieux expliquer comment se passe les «transits» des euros vers d’autres villes du pays, il n’y a qu’à voir les saisies opérées ces trois dernières années par les gendarmes. En trois ans, plus de 30 véhicules contenant des devises ont été interceptés par les gendarmes, suite à des enquêtes ou lors de simples contrôles opérés par les motards (aujourd’hui appelés pelotons d’autoroutes). En trois ans, également, plus de 3 millions d’euros ont été saisis par les gendarmes.

Quant au profil des vendeurs illégaux arrêtés en possession de sommes faramineuses en devises, il s’agit de personnes âgées entre 25 et 55 ans. Des chômeurs recrutés par des gens richissimes pour devenir vendeurs de devises. En avril dernier, les gendarmes de Mila ont intercepté une Renault Symbol à l’intérieur de laquelle la somme de 13 500 euros a été découverte.

A Alger, par exemple, les gendarmes de la Section de Bab Djedid ont mené une importante enquête qui a permis l’arrestation de cinq vendeurs illégaux de devises. Parmi les personnes impliquées deux frères, originaires de Mila, propriétaires d’un restaurant situé au Clos Salembier.

LES ÉMIGRÉS ET L’EURO

Un autre phénomène est en vogue. Il faut dire que la plupart des devises qui circulent dans les marchés noirs sont fournies par des Algériens établis en Europe. Quand ils viennent en Algérie, ils ramènent des sommes colossales en euros.

Cet argent sera vendu aux cambistes des marchés noirs, à Jijel, Mila, Oran et Alger (Square Port Said et marché Clauzel). Mais d’au-tres émigrés ont été appréhendés dans les ports et aéroports du pays, quittant l’Algérie avec de grosses sommes en devises.

Les récentes arrestations effectuées par la PAF (Police des frontières) sont des signes révélateurs. en effet, une femme qui tentait de faire sortir 13 500 euros a été interpellée il y a près d’un mois à l’aéroport international d’Alger. La veille, un homme de 40 ans s’apprêtait à se rendre en Allemagne avec la somme de 160 000 euros.

S.A.