Le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a précisé que l’article 698 du Code pénal interdit cette procédure. Le procès Khalifa ouvert en France se déroulera sans la présence du principal accusé. Le gouvernement algérien refuse de prêter à la France l’ex-golden boy, le temps d’un procès. «Nous n’allons pas remettre Khalifa à la France», a martelé le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh. S’exprimant sur ce sujet en marge des débats sur le Plan d’action du gouvernement, hier à l’APN, Tayeb Louh a déclaré que «l’Algérie n’extrade pas les citoyens algériens pour qu’ils soient jugés à l’étranger». Voulant aiguiser ses propos, le ministre a souligné que l’article 698 du Code de procédures pénales interdit cette démarche.
Cette déclaration met ainsi fin à toutes les spéculations de part et d’autre sur le transfert de l’ex-magnat algérien en France. La France attendait jusqu’à la dernière minute la réponse d’Alger dans l’espoir de décrocher un accord favorable. Or, après des négociations, la France n’a pas réussi à avoir l’aval des autorités algériennes pour le transfert de Abdelmoumène Khalifa. Poursuivi pour banqueroute et détournement de fonds, l’ancien homme d’affaires algérien, Rafik Khalifa, sera jugé par la France. Son procès a été ouvert lundi dernier à Nanterre, près de Paris. «Les tractations avec l’Algérie n’ont pas abouti, il ne nous a pas été prêté. Ce procès se tiendra donc en son absence», a déclaré la juge Fabienne Siredey-Garnier.
Selon la juge, Khalifa sera jugé par défaut puisqu’aucun avocat n’a été désigné pour sa défense. Après plus de 11 ans du déclenchement de l’instruction judiciaire, le tribunal de Nanterre pourra enfin établir son procès et plier l’affaire. Dix autres personnes sont également poursuivies dont son ex-femme Nadia Amirouchen, un notaire, d’anciens représentants de l’entreprise en France ainsi qu’un constructeur et équipementier aéronautique.
Ils sont accusés d’avoir, au moment de la déconfiture du groupe en 2003, dissimulé un certain nombre d’actifs, notamment trois avions d’une valeur de 5,5 millions d’euros, une douzaine de voitures de luxe, une villa à Cannes de 35 millions d’euros où l’ancien golden boy organisait de somptueuses réceptions avec de prestigieux invités, parmi lesquels Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Sting ou encore Bono. La défense a demandé, à l’ouverture des débats, «l’extinction de l’action publique», le délai raisonnable étant «largement dépassé dans cette procédure entamée il y a 11 ans», selon elle.
Au fait de sa puissance, le groupe Khalifa, employant 20.000 salariés en Algérie et en Europe, était présenté comme étant un sauveteur de l’économie nationale. Il proposait aux épargnants algériens de placer leur argent à des taux d’intérêt très attractifs chez Khalifa Bank qui alimentait ensuite le reste du groupe. Mais, en novembre 2002, les opérations de la banque sont gelées à la suite de malversations décelées par Alger.
Début 2003, Rafik Khalifa se réfugie à Londres, trois de ses proches collaborateurs sont arrêtés à l’aéroport d’Alger alors qu’ils tentaient de fuir avec deux millions d’euros dans une valise et le groupe est placé en liquidation. L’effondrement de cet empire a causé un préjudice estimé entre 1,5 et 5 milliards de dollars à l’Etat algérien et aux épargnants. Le procès doit se tenir jusqu’au 20 juin. Ce procès va certainement dévoiler encore des secrets sur cette plus grande escroquerie du siècle.