Transcription des déclarations de l’Ambassadeur de France lors Installation du groupe d’amitié Algérie-France à l’Assemblée Populaire Nationale

Transcription des  déclarations de l’Ambassadeur de France lors Installation du groupe d’amitié Algérie-France à l’Assemblée Populaire Nationale
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Question : Votre Excellence, Monsieur l’ambassadeur, un mot sur l’installation de ce nouveau groupe parlementaire algéro-français, qui va booster les relations entre les deux pays ?

Ambassadeur : Comme je l’ai dit tout à l’heure, c’est un groupe très important, une structure très importante, parce qu’il y a la diplomatie officielle que je fais, que j’essaie de faire au quotidien et puis il y a la diplomatie, non pas parallèle, mais la diplomatie complémentaire que font  les députés, les sénateurs également, chacun dans les deux pays, c’est ce qui contribue à tisser des liens entre les assemblées des deux pays, entre les élus des  deux pays qui peuvent, comme je l’ai dit mettre des idées sur la table, des idées nouvelles, parce que nous, nous sommes des fonctionnaires, alors nous avons parfois des vues un peu limitées, mais les parlementaires peuvent avoir des idées nouvelles qu’ils réussissent comme ça à faire passer au niveau de l’Administration, au niveau de l’Etat.

J’ai rappelé tout à l’heure le rôle qu’a joué Cédric Villani, non seulement mathématicien, mais député, dans la déclaration du Président Macron sur Maurice Audin, et je crois que c’est un rôle très important, que peut-être cette déclaration nous ne l’aurions pas eu si Cédric Villani n’avait pas, en tant que député, en tant que mathématicien, mis cette chose sur la table.

Question : Votre excellence, on voudrait juste savoir, avoir, un petit mot par rapport à ce que l’on a lu dans la presse française ces derniers jours. Une déclaration qui va peut-être perturber les relations algéro-françaises : L’ancien DGSE qui a fait une déclaration dans la presse française.

LG Algérie

Ambassadeur : Bernard Bajolet a fait des déclarations. Alors je répondrai, pour reprendre la formule du président Mitterrand en 1985 avec son Premier ministre : « lui c’est lui, moi c’est moi ». C’est-à-dire que Bernard Bajolet, c’est Bernard Bajolet, il s’exprime à titre personnel, à titre privé. Il n’engage en aucun cas, je dis bien en aucun cas, le gouvernement, le Président et l’Administration française. Il s’exprime en son nom personnel. Alors ça fait effectivement un certain nombre de réaction, mais Bernard Bajolet a occupé, il y a plus de dix ans les fonctions qui sont les miennes aujourd’hui, il sait combien ces fonctions sont importantes, délicates et compliquées. Le rôle d’un Ambassadeur français à Alger, ce n’est pas de remettre de l’huile sur le feu, fut-ce de l’huile d’olive ! C’est au contraire  de rapprocher, de raccommoder quand il le faut, de faire de la dentelle. Et quand on fait de la dentelle parfois on se pique avec une épingle. Il faut éviter de se piquer avec une épingle, il faut éviter les piqûres d’épingles et je pense que nous sommes là, pas seulement moi, mais les parlementaires et moi, nous sommes là pour éviter ces piqûres.

Question : Très bien, Monsieur l’ambassadeur, on va profiter de votre présence ici, pour avoir une petite information concernant les visas. On a toujours parlé de tout ça, même les parlementaires ont parfois des problèmes pour avoir des visas pour les Etats Schengen en général, mais beaucoup plus pour la France ?

Ambassadeur : C’est une question permanente ! J’étais sûr que vous m’amèneriez sur ce terrain. Alors je lis parfois des choses complétement fausses sur les visas. Donc j’essaie là aussi d’expliquer les choses. Il y a trois éléments qu’il faut prendre en compte. D’abord, nous avons du côté français un nouveau dispositif, qui pour l’instant ne fonctionne qu’à Alger, mais va bientôt être étendu à Oran et Annaba, qui est un dispositif mis en place par le ministère de l’Intérieur et qui s’appelle France-visas.  C’est un logiciel, qui suppose qu’aujourd’hui on doit déposer à chaque fois, et dans tous les pays du monde, pas seulement en Algérie, dans tous les pays du monde, on doit déposer un dossier complet, sincère et qui comprend toutes les pièces. Alors que dans le système précédent, si vous aviez eu un visa de circulation, vous pouviez déposer un dossier incomplet.

Question : Très juste !

Ambassadeur : Voilà. Aujourd’hui ce n’est plus possible. Donc les Algériens et notamment un certain nombre de personnes qui avaient l’habitude d’avoir un visa de circulation, sont étonnés de devoir déposer un dossier complet à chaque fois et du coup, il y a des dossiers qui sont rejetés, c’est donc la première chose.

La deuxième chose, c’est que nous avons signé un certain nombre de partenariats qui permettent à des institutions d’avoir des RDV, notamment à VFS en 48 heures. Et la troisième chose que je voudrais souligner, ce n’est pas technique, mais c’est une considération plus générale, je l’ai dit aussi à plusieurs reprises, vous voyez bien, puisque je suis ici avec des parlementaires, donc des politiques, on voit bien que ce que j’appelle le paysage migratoire méditerranéen, européen a changé ces derniers mois. On voit ce qui se passe en Italie, on voit ce qui se passe en Europe de l’Est, en Hongrie. On voit également ce qui se passe en Allemagne. On voit tout ce qui s’est passé en Méditerranée. Et ça mène inévitablement les différents gouvernements européens à être, je ne dis pas plus restrictifs, mais à être plus attentifs dans la délivrance des visas, et dans leurs politiques migratoire en général. Pas seulement la France, mais l’Italie, l’Allemagne. Vous avez vu que la Chancelière est venue la semaine dernière ici et a parlé essentiellement du retour de certains Algériens en situation irrégulière. Vous voyez bien que c’est un sujet qui est, hélas, au cœur des préoccupations des différents gouvernements européens. Mais je suis sûr, que sur ces questions, les parlementaires, auront des idées, des suggestions des deux côtés de la méditerranée. Nous sommes à leur écoute. Et j’en profite pour dire, que si la commission des Affaires étrangères, ou le groupe d’amitié, veut un jour m’auditionner, comme on l’avait fait, il y a quelques années, je suis à votre disposition pour venir expliquer tout cela.