Les caprices du tramway d’Alger se multiplient. Les usagers de cette rame urbaine commencent déjà à se lasser des pannes à répétitions, dues, sinon aux coupures du courant électrique, à des accidents qui surviennent aux points de croisements entre voies bitumés et rails.
Il arrive que des automobilistes, peu habitués aux feux de signalisation, grille les feux rouges, obligeant, quand ils ne provoquent pas une collision, le tramway à l’arrêt. Hier matin, la fréquence des rotations a été perturbée, au grand désarroi des usagers qui suaient à grosses goutes dans les stations et qui ne contenaient plus leurs colères. Au niveau de la station Tamaris, le préposé à la vente des tickets ne savait que faire face aux nombreux usagers qui lui réclamaient le remboursement de leurs tickets. Il ne savait pas s’il était autorisé à le faire ou pas. Il lui faudra pour cela prendre avis de sa hiérarchie. Initiative qu’il ne prendrait pas. Ce qui n’est pas sans irriter encore davantage les usagers qui, informés par le même guichetier du retard dans la rotation à cause d’un accident survenu sur la ligne, désiraient se rabattre sur les bus dont la station est à quelques encablures de la station du tramway. Ne pouvant soutenir les réclamations des usagers, le préposé aux tickets quitte sa cabine. Réaction typiquement algérienne. « visiblement, ça ne changera jamais », tempête un jeune homme que sa campagne pressait de se rabattre sur le taxi. Agglutinés devant la cabine désertée par son locataire, d’autres usagers accusaient le coup sans mot dire. Ils prenaient leur mal en patience, habitués qu’ils sont à faire avec les aléas du transport urbain. Que le tramway fasse des siennes, cela ne les surprend guère. La machine ne fait pas la ponctualité. Celle-ci est du ressort de l’homme. Un vieillard qui traine d’un pas lourd au bord de rail, grommèle, puis tout d’un coup, lance à la cantonade : « il ne suffit pas d’avoir un tramway, il faut savoir aussi le gérer ! » Personne ne le reprend. Chacun cuve sa colère en silence. Le vieillard s’éloigne en direction des immeubles de la cité les Bananiers. Il est de cette génération qui ne reste pas sans réaction devant la méprise. Mais que faire, sinon éructer sa colère ! Contre les pannes fréquentes mais aussi contre la cherté du ticket pourtant soutenu par l’argent du contribuable, à travers la taxe véhicule neuf instituée par Ahmed Ouyahia.
Dahbia Laceb