La mise en service du premier tronçon du tramway d’Alger, reliant Bordj El Kiffan à Bab-Ezzouar, dans la banlieue est, sera lancée dimanche, au grand bonheur des algérois, quatre années après le lancement officiel des travaux de réalisation. »Je vais enfin pouvoir rejoindre mon lieu de travail à l’heure », soupire M. Ladjimi, un habitant de la cité »les Bananiers » à Bab Ezzouar, pour qui la mise en service de la première tranche du tramway sonne la fin de son calvaire quotidien dans les embouteillages. »Je souffre de l’hypertension artérielle et la longue attente dans la circulation ne fait qu’aggraver ma situation. A présent, je pourrais laisser ma voiture et prendre le tramway tranquillement, sans stress », ajoute-t-il.
Habitué il y a quelques mois à débourser 1200 DA par semaine en essence pour sa »citadine », ce cadre d’une société publique songe sérieusement à prendre un abonnement pour toute la famille.
Il affirme que le tramway modifiera son mode de vie. « Je parcours plus de 30 kilomètres par jour pour emmener mes filles à leur école et déposer ma femme à son lieu de travail, située à l’autre bout de la ville. Je crois que ce sera plus simple, désormais, de prendre le tramway », estime-t-il.
Les résidents de la cité Sorecal à Bab Ezzouar se réjouissent de la mise en service de ce premier tronçon du tramway d’Alger.
« C’est quelque chose que nous avons attendu si longtemps », affirme Abdelkrim Meghraoui, un habitant, qui se réjouit également de la fin des nuisances causés par les travaux de réalisation.
Derrière lui, un jeune homme intervient pour exprimer ses craintes des dangers qui pourraient compromettre la sécurité des riverains, notamment les enfants.
« Certaines personnes ne sont pas conscientes du danger que représente le tramway, et continuent à circuler sur la voie ferrée. Aussi, la circulation automobile est fortement perturbée », indique-t-il.
Cependant, si certains se félicitent pour la mise en circulation de ce nouveau mode de transport, d’autres ne cachent pas leur consternation, notamment les commerçants, installés sur les rues mitoyennes du tracé du »tram ».
Le début des travaux de réalisation du tramway signifiait pour nous la fin de notre commerce. Ils sont, au moins, une dizaine à avoir
baissé rideau depuis le lancement des travaux », affirme un commerçant de pièces détachées à la cité Mimouni à Bordj El Kiffan, un quartier traversé par la ligne du tramway.
Selon lui, les rares commerces qui sont restés ouverts dans ce quartier ont subi des pertes importantes. « L’activité a ralenti ces deux dernières années. Mon chiffre d’affaires a diminué de presque la moitié », confie Natouri Mokhtar, un commerçant spécialisé
dans la vente de la pièce détachée pour automobiles.
A quelques heures de l’inauguration officielle de ce premier tronçon du tramway d’Alger, les travaux sont loin d’être achevés.
A la cité Zerhouni Mokhtar, les ouvriers s’affèrent à finaliser les travaux d’embellissement de la station, à poser le gazon sur le bas côté de la chaussé et à mettre en place le chapiteau qui abritera la cérémonie inaugurale.
Les visages étaient fatigués, mais le rythme d’exécution est soutenu pour terminer les travaux dans les plus brefs délais.
Selon Charef Mohand Said, chef de projet exploitation à l’Etusa, rencontré sur place, « tout est fin prêt pour la mise en service de cette première tranche du tramway ».
« Les essais techniques et la « marche à blanc » (circulation permanente des rames sans voyageurs) effectuée ces 20 derniers jours ont été concluants. Aucun incident n’a été relevé », soutient-il. L’ETUSA, chargée de l’exploitation commerciale du tramway, déploiera des agents de sécurité tout le long des quais et à l’intérieur des rames, en complément des dispositifs d’ordre public prévus au niveau des carrefours et autres croisements entre les voies du tramway et les routes, indique-t-il.
En outre, une campagne de sensibilisation pour permettre une exploitation sûre du tramway a été lancée depuis quelque jours.
Composé de 13 stations, le tronçon Bordj El Kiffan/Cité Zerhouni Mokhtar long de 7,2 km en double voie, est doté de 12 rames, qui transporteront quotidiennement entre 10.000 et 15.000 personnes. Une rame est prévue toutes les 12 minutes. Cet intervalle sera réduit, au bout d’une année, à 4 minutes, selon les responsables du projet, dont les travaux ont été lancés fin 2007.
La circulation des rames commencera à 6h00 et prendra fin à 21h00. Le tarif du ticket a été fixé à 20 DA, en attendant les tickets magnétiques qui seront introduits à compter de juillet prochain.