«Il ne faut pas aller tous azimuts avec l’insuline. Malheureusement, on va trop vite dans la mise en service de certains médicaments qui peuvent donner de l’espoir, mais ont hélas beaucoup de contre-indications», a déclaré le chef de service de diabétologie de Mustapha-Pacha. Selon lui, il y a un recours «abusif à l’insulinisation». Le traitement le plus efficace est plutôt celui, estime-t-il, qui accorde une importance particulière à l’éducation thérapeutique.
C’est ce qu’a déclaré le professeur Boudiba, chef du service de diabétologie au CHU Mustapha-Pacha (Alger) lors de la 4e Journée d’étude scientifique et d’information médicale sur «Le diabète, ses complications et sa prise en charge», organisée, hier, par les enseignants du service de diabétologie du CHU au centre de formation Ifeg de Ben Aknoun.
«Il ne faut pas aller tous azimuts avec l’insuline. On va trop vite vers la prescription de médicaments, ce qui peut donner de l’espoir. Malheureusement, ils ont beaucoup de contre-indications», a-t-il ajouté.
Le Pr Boudiba a appelé plutôt à l’éducation thérapeutique du diabétique qui souffre d’une pathologie qui cible plusieurs organes, dont l’os. Cette éducation thérapeutique qui est du ressort de tous les ministères dont la Santé et de l’Agriculture vise, selon le Pr Boudiba, la prévention à long terme des complications graves, ainsi que le maintien d’une qualité de vie plus satisfaisante. Elle reste, selon lui, une stratégie manquante limitée entre recommandations et pratique clinique. Là, c’est toute la problématique de la pratique thérapeutique qui est posée. Les médecins organisateurs de cette rencontre conseillent ainsi à leurs collègues généralistes une meilleure prise en charge de leurs patients. «Prendre soin du patient ne se limite pas seulement à prodiguer des soins. Le malade n’est pas un numéro de dossier et toute décision thérapeutique doit être prise avec son accord», a souligné le Pr Boudiba en s’adressant à ses confrères. Il les a appelés à ne pas se contenter uniquement de prescrire une ordonnance au malade, «mais de le revoir, le suivre et lui donner beaucoup d’informations. Malheureusement, nombre de malades ne comprennent pas et font des confusions. Ou parfois, ils sont sourds ou c’est l’inverse où c’est le médecin qui n’écoute pas», a-t-il continué en s’adressant à l’assistance.
A noter que cette Journée de formation continue sur le diabète au profit des médecins généralistes, selon le Pr Mimouni Zerguini, du service de diabétologie de l’hôpital Mustapha-Pacha (Alger) vise une meilleure prise en charge, le dépistage et à éviter les complications qui, malheureusement, n’ont pas toujours le traitement adéquat. «Le diabète devient un véritable problème de santé publique», précise-t-il. Et le pied diabétique compte parmi ces graves complications qui mènent généralement à l’amputation. Les médecins évoquent l’absence d’une vraie prise en charge en l’absence d’une spécialité de pédologue. Parmi les pathologies les plus fréquentes liées au diabète mais souvent méconnues, les complications neurologiques. «Elles commencent parfois par des diminutions de sensibilité, des fourmillements pour mener dans plusieurs cas à l’amputation», nous a expliqué le Pr Mimouni Zerguini.
Souad Labri