Le traitement des déchets, un impératif de santé

Le traitement des déchets, un impératif de santé

“La récupération des médicaments périmés ou des médicaments non consommés au niveau des ménages est possible”, a indiqué le Dr Lotfi Benbahmed.

Le Salon international de la pharmacie et de la parapharmacie Siphal a clôturera, aujourd’hui, sa 12e édition. Sous le thème du “Rôle du pharmacien dans le conseil et la prévention”, l’événement a réuni, du 14 au 17 février 2018 à la Safex, 6 000 visiteurs venus de plusieurs wilayas du pays, pour 120 stands dressés.

Rencontré en marge du Siphal, le Dr Lotfi Benbahmed, président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, a soulevé le problème des déchets pharmaceutiques. Il a évoqué la question de la collecte des médicaments périmés en vue d’une élimination sans danger pour l’environnement. “À un moment donné, on était la poubelle du monde. Beaucoup de laboratoires exagéraient dans l’importation de certains produits”, a-t-il regretté. Avant d’ajouter que le ministère de la Santé a exigé la reprise des médicaments périmés, y compris pour la ville. “Nous pensons que la mesure est salutaire. Elle aidera à réduire considérablement ces déchets, en ce sens qu’elle responsabilisera les laboratoires sur la qualité et la quantité des médicaments importés, mais aussi sur les dépenses indues, qui représentent un gaspillage inouï.”

Selon le Dr Benbahmed, “les médicaments que nous ne consommons pas et qui ne sont pas  dans les pharmacies ou à la maison sont jetés dans les poubelles et, souvent, finissent dans l’eau”. Ceci, avant de préciser que “les hormones qui vont dans l’eau que tout le monde boit sont un danger sur la santé. On trouve des taux d’hormones dans l’eau à travers le monde, on trouve les antibiotiques dans beaucoup de choses, cela créé réellement un déséquilibre”.  Pour ce technicien, il y a certainement des choses à faire pour prévenir contre les risques de pollution aux déchets pharmaceutiques. “La récupération des médicaments périmés ou des médicaments non consommés au niveau des ménages est possible. Ce qui peut se faire à travers un système qui permet de récupérer ces médicaments à travers les officines, à travers, entre autres, la création de sociétés spécialisées. Mais faut-il encore une volonté politique forte”, ajoute notre interlocuteur.

Questionné au sujet de la politique d’austérité budgétaire menée en Algérie et son influence sur l’industrie pharmaceutique, le Dr Lotfi Benbahmed a répondu que si “les mesures d’austérité sont prises à la lettre, juste avec une approche comptable, elles auront un impact très négatif sur la qualité de la prise en charge  des soins, mais surtout sur le développement du secteur”.

Se voulant plus explicite, il a indiqué que “souvent, de manière réductrice, on met le facteur prix avant tous les autres facteurs, or, lorsque vous baissez trop les prix, à un moment donné, vous cassez la branche sur laquelle vous êtes assis”. Selon lui, la politique d’austérité pourrait impacter la qualité des produits et la rentabilité des investissements, qui ont été considérables en Algérie. “Il y a 85 unités de production en Algérie. Un médicament sur deux, sinon davantage, est fabriqué en Algérie. En faisant une espèce de dumping, vous appauvrissez tout le secteur pharmaceutique. Or, le secteur pharmaceutique était et reste un des secteurs où la croissance est la plus importante.”

Imène AMOKRANE