L’Algérie est en cours d’adaptation de sa législation à l’égard de la traite des êtres humains, conformément à ses engagements internationaux et, plus particulièrement, depuis sa ratification du Protocole de Palerme (mis en œuvre en 2000) et ses trois protocoles additionnels, dont celui relatif à la traite des êtres humains.
En sus des aspects législatif et judiciaire de la prévention et la répression du phénomène de la traite des êtres humains, l’Algérie a également consenti des efforts sur le plan financier.
«L’Algérie a consacré, durant la période 2014-2016, 80 milliards de centimes pour le rapatriement de 6 000 enfants et 18 000 femmes dans leurs pays d’origine. Elle va encore consacrer quelque 40 milliards de centimes pour les opérations à venir», a indiqué hier à Alger la présidente du Conseil national des droits de l’Homme, Mme Fafa Sid-Lakhdar-Benzerrouki.
Interpellée, en marge d’une journée d’études organisée par le CNDH à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale contre la traite des êtres humains, coïncidant annuellement avec le 30 juillet, sur le rapport du Département d’Etat américain sur ce thème, Mme Sid-Lakhdar-Benzerrouki a, d’abord, dans une brève déclaration, accordée à la presse, fait observer que le rapport susmentionné est plutôt favorable à l’Algérie.

Les réalisations de l’Algérie en matière de lutte contre la traite des personnes lui ont permis d’améliorer son classement dans le rapport annuel sur la question, établi par le département d’Etat américain et publié en juin dernier. «L’Algérie figure désormais dans la catégorie 2, liste d’observation, au lieu de la catégorie 3 dans laquelle elle a figuré durant plusieurs années», a fait remarquer la présidente du Conseil national des droits de l’Homme.
Cependant, si elle a souligné que ledit rapport mentionne que 16 présumés trafiquants ont été poursuivis en justice et 65 victimes de travail forcé ont été identifiées, elle s’est refusé à fournir des statistiques sur les chiffres liés à ce phénomène.
Hichem Ramdani, président de la Commission nationale de prévention et de répression des personnes, un organisme créé en 2016 à la faveur d’un décret présidentiel, n’était pas non plus en mesure de présenter un rapport sur la question. C’est tout juste s’il a fait état de quelques rapports d’étapes, communiqués en leur temps, au président de la République conformément aux usages.
Présentant la commission qu’il préside, Hichem Ramdani a assuré qu’un travail de recueil et constitution d’une banque de données sur les personnes victimes de traite est en cours d’élaboration. Il a dit aussi que la commission axera ses missions plus particulièrement sur le plan de la formation et a rappelé que des mesures ont été prises par les pouvoirs publics, dont celles relatives à la prise en charge sociale, de santé et que des centres d’accueil ont été mis à leur disposition. Le mouvement associatif sera également mis à contribution, a-t-il ajouté.
Globalement, les conférenciers invités hier à la rencontre se sont félicités de la politique engagée par le gouvernement. Ils ont appuyé leurs propos en reprenant les chiffres du rapport américain lui-même.
Le Dr Bouzid Lazhari, membre du CNDH, est plus catégorique puisqu’il considère qu’il ne faut pas trop surestimer ce rapport, étant donné que c’est un rapport interne adressé au Congress américain. Le Dr Lazhari considère aussi que l’Algérie n’est pas un état générateur de traite humaine. De son côté, Mourad Sid-Ahmed, sous-directeur à la pénale au ministère de la Justice, a souligné que la législation algérienne contient dans son corpus des articles incriminant la traite des personnes.
Le Protocole de Palerme, a-t-il poursuivi, est pourvu de trois protocoles additionnels dont, dans l’ordre, immigration clandestine, trafic d’armes et traite des personnes. Une cinquantaine de brigades ont été constitués par le ministère de l’Intérieur pour combattre ce phénomène qui s’inscrit dans la catégorie des infractions, a-t-il précisé. Le corpus législatif algérien gagnerait à être amélioré, a-t-il toutefois conclu.