La sortie d’Abdelmalek Sellal a mis le mouvement antigaz de schiste dans la confusion
“Nous sommes contre l’escalade ; nous appelons les manifestants à rester calmes. Ceci ne veut, toutefois, pas dire que nous allons renoncer à notre mouvement”, a expliqué, hier, un membre du “groupe des 22” à sa sortie d’une réunion tenue avec le chef de daïra.
Enclenché depuis déjà plus de trois semaines, le mouvement de protestation contre le gaz de schiste ne s’estompe toujours pas à In-Salah. Néanmoins, il est entré dans une phase de confusion depuis la sortie télévisée, mercredi dernier, du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Entre les représentants du collectif citoyen qui appellent au calme et à la retenue et les récalcitrants qui menacent de durcir davantage le mouvement, les dissensions sont à peine voilées.
À vrai dire, les prémices de cette situation, pour le moins floue, ont commencé à se faire sentir à quelques heures avant le passage de M. Sellal à “Hiwar Essaâ”, émission de l’ENTV enregistrée que les représentants du collectif citoyen n’ont pas voulu diffuser (par dataschow) à la Place de la résistance. “Nous craignons que la foule réagisse violemment dans le cas où le Premier ministre tiendrait un discours contradictoire à notre revendication”, ont-ils justifié alors, eux qui se disaient déjà opposés à la radicalisation du mouvement. En fait, c’est l’état d’esprit qui anime les représentants du collectif citoyen, le “groupe des 22”, depuis leur rencontre, le dimanche 18 janvier, avec le DGSN, le général-major, Abdelghani Hamel.

Depuis ce jour-là, ils s’affichent plutôt “optimistes” et croient dur comme fer qu’une décision “positive” des pouvoirs publics se profile. Quand bien même cette décision très attendue tarde à être connue, les animateurs du collectif citoyen ne perdent pas espoir. Raison pour laquelle ils se déclarent opposés à “l’escalade” et aux actions radicales telles que celle qu’aurait envisagée un groupe de jeunes suggérant d’organiser une marche populaire jusqu’au site dit d’Ahnet — le lieux s’appelle en réalité Gor Mahmoud — , à seulement 28 km à vol d’oiseau et 54 km par route d’In-Salah. “Nous sommes contre l’escalade ; nous appelons les manifestants à rester calmes. Ceci ne veut toutefois pas dire que nous allons renoncer à notre mouvement”, a expliqué, hier, un membre du “groupe des 22” à sa sortie d’une réunion tenue avec le chef de daïra. Les représentants du collectif citoyen, faut-il le souligner, multiplient ces derniers jours les rencontres avec les autorités locales avec lesquelles ils coordonnent leurs actions, afin de “contenir la colère des citoyens”. Pour eux, si le discours de Sellal n’est pas “convaincant”, c’est ce qu’il est “ambigu”. Ils exigent ainsi “une réponse plus claire” à leur revendication concernant l’arrêt des forages de gaz de schiste. “Notre appel au calme ne veut pas dire que nous renonçons à notre combat ; nous voulons tout simplement éviter la dégénérescence de la situation. Mais tout comme nos concitoyens, nous restons toujours mobilisés et intransigeants concernant notre revendication légitime. Nous exigeons toujours des autorités l’annonce d’une décision solennelle concernant la fermeture des puits de gaz de schiste à Gor Mahmoud”, a réitéré, hier, Abderahmane Chaoudi, membre du collectif, ingénieur de Sonatrach spécialisé en forage. La même exigence est exprimée par son collègue du “groupe des 22”, Abdelbasset Kelouche, ingénieur en ressources en eau de formation, qui insiste à ce que les autorités interviennent pour arrêter un deuxième forage lancé sur le même site d’In-Salah avant d’atteindre la phase de la fracturation hydraulique. Parallèlement aux tractations menées par le “groupe des 22”, les citoyens d’In-Salah, farouchement opposés à l’exploitation du gaz de schiste dans leur région, ont poursuivi, dans la journée d’hier, leur mouvement par l’organisation, dans la mi-journée, d’une marche aux slogans davantage hostiles à l’égard du gouvernement.
F. A