Trafic et attributions illicites de chalets à Boumerdès,Les autorités entre impuissance et insouciance

Trafic et attributions illicites de chalets à Boumerdès,Les autorités entre impuissance et insouciance

Le dossier de la gestion des effets de l’après-séisme du 21 mai 2003 n’a pas livré tous ses secrets. Si les autorités ont réussi à relever le défi en relogeant la quasi-totalité des sinistrés, elles n’ont toutefois pas pu établir la lumière sur le phénomène du trafic des chalets qui a éclaboussé presque toutes les localités de la wilaya.

Un phénomène admis et reconnu par de nombreux ministres, élus et walis qui se sont succédé à la tête de la wilaya depuis l’an 2003. Les dépassements constatés dans l’attribution des chalets et parfois des logements destinés aux sinistrés, n’ont malheureusement pas été élucidés à ce jour.

Cela malgré les plaintes et les déclarations fracassantes qui ont été faites que ce soit par de simples citoyens ou de la part du président de l’Association de promotion et d’intégration des sites de chalets.

Ainsi, ce dernier a révélé à maintes reprise à la presse que des centaines de chalets sont occupés de manière illégale par des cadres et des proches de hauts responsables de la wilaya et des entrepreneurs, alors que d’autres sont loués à de tierces personnes à des sommes faramineuses pendant les saisons estivales. D’autres sources, qui préfèrent garder l’anonymat,

parlent même d’un vaste réseau de trafic spécialisé dans le trafic de ces habitations destinées initialement au relogement provisoire des familles ayant perdu leurs bâtisses après la catastrophe. Face à cette situation, les représentants de l’Etat n’ont fait que multiplier les déclarations et en s’engageant à mettre en place des commissions d’enquête qui ne sont jamais traduites en actes. Le premier engagement a été fait en mars 2005 par l’ex-wali, Ali Bedrici,

qui avait répondu aux élus de l’APW qui l’avaient interpellé sur la question que «l’heure des comptes est arrivée», avant d’ajouter que ses services «sont en train de travailler sur le dossier, et un fichier informatisé est en cours d’élaboration pour déterminer les faux sinistrés et autres bénéficiaires illégaux». Quatre ans après, l’ex-ministre de la solidarité, M. Ould Abbas, en visite dans la wilaya avait indiqué «qu’il y a boire et à manger dans cette histoire de chalets et d’aides auxsinistrés».

Des engagements…en attendant les actes

La commission mise en place par le wali n’a finalement pas rendu les résultats de son travail. De même pour les multiples instructions du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales dont celle portant le N° 002258 adressée aux responsables de la wilaya de Boumerdès pour identifier les occupants des 14 600 chalets, il y a de cela plusieurs années, qui n’ont pas été appliquées, semble-t-il, à ce jour.

La seule affaire qui a éclaté au grand jour est celle qui a éclaboussé l’actuelle assemblée communale de Boumerdès en 2009. Le P/APC de ladite assemblée a été condamné par le tribunal de Bordj-Menaïel en mars dernier à une peine de six mois de prison avec sursis pour falsification de décisions d’attribution de chalets.

Hormis cela, rien n’est encore fait dans le sens de situer les responsabilités des uns et des autres dans ce fameux dossier. Même la commission créée par l’actuel wali fin 2010 pour établir un rapport détaillé sur la situation des chalets n’a pas encore communiqué les résultats de son travail.

Cette commission devra recueillir les informations sur l’état des chalets et ceux qui les habitent afin de pouvoir établir des statistiques exactes sur le nombre de chalets inoccupés et la nature juridique des assiettes les abritant afin de les utiliser pour l’implantation des projets d’intérêt publics.

Néanmoins, aujourd’hui, la plupart des citoyens abordés à Boumerdès restent sceptiques quant à la traduction devant les juridictions habilitées de tous ceux qui ont usé de leurs grades et de leurs fonctions pour satisfaire leurs intérêts en se faisant attribuer des logements auxquels ils n’avaient pas droit. Rappelons que le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Noureddine

Moussa, a affirmé lors de sa dernière visite à Boumerdès que «le chalet n’est pas un passeport pour aller au logement social», ajoutant que des enquêtes seront menées sérieusement pour reloger les vrais nécessiteux. M. Moussa a précisé que «ceux qui ont fait et qui font des fausses déclarations auront à faire à la justice et les fraudeurs ainsi que les escrocs seront éliminés de ce dispositif».

M. A. A.